LE TROUBLE NEUROCOGNITIF léger (MCI) est un syndrome plus ou moins bien connu, dont la notion est encore évolutive et controversée. Ce diagnostic est encore réservé aux consultations mémoire. Il semble que les équipes américaines (Pr Ronald Petersen, de la Mayo Clinic) et européennes travaillant sur ce sujet s’accordent sur certains points, une description clinique plus précise et l’existence de marqueurs biologiques et de l’imagerie. La prévalence du MCI est très différente selon les études et les critères cliniques utilisés pour définir ce syndrome ; R. Petersen estime à 16 % la prévalence du MCI chez les 65 ans et plus.
La plainte de mémoire doit être prise au sérieux : il semble en effet qu’il existe un continuum entre le vieillissement normal, qui s’accompagne de plainte de mémoire, puis le MCI et, enfin, dans certains cas, la conversion en maladie d’Alzheimer (MA). D’autres cas peuvent s’améliorer si le MCI est dû à une dépression, à des problèmes vasculaires ou à une confusion souvent d’origine iatrogène.
La prévalence de la MA, chez les 65 ans et plus, est dix fois plus élevée chez les sujets MCI (de 12 à 15 %/an) que dans la population générale (de 1 à 2 %/an).
Il existe des sous-types de MCI : les formes amnésiques vont se transformer pour certaines en MA ; des formes non amnésiques qui vont donner d’autres types de démences (fronto-temporale, à corps de Lewy ou vasculaire).
Eléments prédictifs.
Existe-t-il des éléments prédictifs de cette évolution vers la MA dans le groupe MCI amnésique ? On peut évoquer :
– le test psychométrique ou épreuve du rappel libre/rappel indicé selon la procédure dite de Grober & Buschke ; ce test évalue la mémoire épisodique verbale ; on demande au sujet d’apprendre des listes de mots dont on vérifie l’encodage par un indiçage sémantique. Quand le rappel libre est effondré, le rappel différé mauvais et qu’il existe des intrusions, on sait qu’il s’agit d’une MA débutante ;
– l’atrophie hippocampique évaluée par l’IRM cérébrale ; selon Petersen, 100 % des patients ayant cette atrophie évoluent vers une MA ;
– le génotype apoE de type 4 ;
– un dosage des peptides A bêta 42 positif dans le LCR. Ces peptides B amyloïdes physiologiques sont dosés pour l’instant dans le LCR (il existe des kits commercialisés pour cela). Selon le Pr Delacourte, le dosage dans le plasma de ces peptides, mais sous leur forme pathologique, est à l’étude et sera certainement bientôt un test diagnostique.
L’étude GUIDAGE avec un antioxydant.
Y a-t-il des prises en charge possibles ? Il est important d’identifier ces patients afin de stimuler leur mémoire et de leur prescrire éventuellement des protecteurs cérébraux, comme les antioxydants, qui ont à encore faire leur preuve. Le Pr Bruno Vellas a présenté l’étude GUIDAGE qui est en cours depuis trois ans et étudie un antioxydant, l’EGb 761, à 240 mg/jour vs placebo sur une cohorte de 2 840 patients de 70 ans et plus ayant une plainte de mémoire. Le taux de démence incidente dans les deux groupes sera comparé après un suivi de cinq ans afin de vérifier la réalité de la neuroprotection. Il existe d’autres pistes thérapeutiques préventives qui sont encore toutes en développement, comme l’immunothérapie ou les glycosaminoglycanes qui agiraient sur la protéine bêta-amyloïde.
Marseille. Réunion du groupe de recherche sur la maladie d’Alzheimer (Gral 2006). D’après les communications de R. Petersen, B. Michel, J. Touchon, H. Alain et A. Delacourte.
Critères
Les critères révisés de Petersen du syndrome MCI pourraient être, selon le Pr J. Touchon, en accord avec les critères proposés lors d’une conférence de consensus (Winblad et coll., 2004) :1) une plainte cognitive émanant du sujet et/ou de l’entourage ;
2) un sujet ou un « informant » signalant un déclin, dans l’année précédente, des performances cognitives et/ou fonctionnelles par rapport aux performances antérieures du sujet ;
3) des troubles cognitifs objectivés par l’évaluation clinique (altération de la mémoire et/ou d’une sphère cognitive) ;
4) altération cognitive n’ayant pas de répercussion sur la vie quotidienne ; le sujet peut signaler des difficultés concernant les activités complexes de la vie quotidienne ;
5) absence de démence.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature