Le mauvais cheval

Si l'on admet que depuis cet automne on a moins parlé de la qualité littéraire des écrits de Michel Houellebecq que de la diffusion de son dernier roman, « la Possibilité d'une île », et de ses fortes chances d'obtenir le prix Goncourt, force est de reconnaître que d'aucuns ont parié sur le mauvais cheval. A moins qu'à force d'essayer d'orienter les résultats ils n'aient fini par obtenir l'effet inverse. Mais peu importe.
On compatit à la déception de Michel Houellebecq, qui a déjà frôlé le Goncourt en 1998 avec ses « Particules élémentaires » - un best-seller qui s'est vendu à 500 000 exemplaires - au profit d'un roman déjà oublié, « Confidence pour confidence » (de Paule Constant) ; et qui, en 2001, alors qu'il publiait « Plateforme » - autre grand succès diffusé à 350 000 exemplaires -, a lui-même saboté ses chances de prix littéraire avec ses inadmissibles propos contre l'islam. Il n'en reste pas moins l'écrivain français vivant le plus emblématique de ce début du XXIè siècle, le plus connu aussi à l'étranger puisqu'il est traduit en 35 langues.
Pour son éditeur Fayard - qu'il a rejoint en avril 2004 (il est un transfuge de Flammarion) - c'est un sévère échec. Selon les milieux littéraires, celui-ci aurait en effet dû, pour rentabiliser son investissement, vendre au moins 400 000 exemplaires du roman, et il en aurait vendu « seulement » un peu plus de 200 000. Le Goncourt aurait évidemment relancé les ventes.
Mais rien n'est joué.
Car Michel Houellebecq a signé simultanément au contrat d'édition, un autre contrat d'adaptation cinématographique de « la Possibilité d'une île » chez GMT production (qui est, comme Fayard, une filiale de Lagardère) et le scénario du film serait déjà achevé. La rumeur dit qu'il aurait alors touché près de 1,3 million d'euros.
Rien n'est joué non plus car son roman est encore en lice pour le prix Interallié, qui sera décerné ce mardi après-midi, à 13 heures comme il se doit !