LES SOCIÉTÉS spécialisées dans la contre-visite médicale se sont multipliées avec le renforcement de la politique anti fraude de l'assurance-maladie. «Beaucoup d'entrepreneurs ont senti qu'un important marché s'ouvrait dans ce domaine ces dernières années», confie Akima Ghomeri, de Synéance, organisme fondé en 2005. Et pour cause.
Entre 1997 et 2002, les indemnités journalières versées par l'assurance-maladie ont grimpé de 46 %. L'année 2003 marque un coup d'arrêt. Des entreprises privées (70 %) mais aussi des collectivités publiques (hôpitaux, mairies…) font appel aux sociétés spécialisées dans la contre-visite. «Il en existe environ une vingtaine, mais seulement dix sont implantées solidement», confie un responsable de Securex, qui revendique le leadership sur ce marché avec 37 500 contre-visites en 2007. La plupart de ces sociétés comptent dans leur réseau un à deux milliers de médecins agréés par la DDASS. Essentiellement des médecins généralistes qui exercent cette activité en plus de leur exercice en cabinet. «On convient avec eux d'une contribution et on établit une convention qu'ils peuvent soumettre à leur conseil départemental de l'Ordre», explique Akima Ghoremi. Les médecins sont ainsi rémunérés à chaque intervention entre 50 et 60 euros (les frais de transports sont en sus). Parfois plus, s'ils sont implantés dans une zone sous-médicalisée ou industrielle. Les demandes de contre-visites sont sensiblement plus nombreuses pendant les périodes de vacances. «Pour des personnes qui se sont vu refuser des congés ou qui veulent allonger leurs vacances», indique la responsable de Synéance. Coût de l'opération pour les employeurs : une centaine d'euros (davantage si un abonnement annuel est demandé). De plus en plus de grandes entreprises demandent le contrôle systématique des arrêts maladie de leurs salariés en espérant dissuader les auteurs d'abus. Pour donner une nouvelle impulsion à leur secteur, les sociétés de contre-visite espèrent que le gouvernement va mettre en place la télétransmission des arrêts de travail de moins d'une semaine. «Les arrêts de trois jours sont les plus pénalisants car ils désorganisent le plus les entreprises…», constate-t-on à Securex. En dépit d'un contexte qui leur est favorable, les dirigeants des sociétés de contre-visite déplorent les multiples modifications de la législation qui leur compliquent la tâche. «Depuis septembre dernier, les patients doivent être présents chez eux de 9heures à 11heures et de 14heures à 16heures, soit 4heures, alors qu'ils devaient rester 8heures à leur domicile avant le changement des règles. Cela pose bien sûr problème. Ces horaires nous laissent moins de temps. Ils correspondent à l'activité en cabinet des médecins à qui nous faisons appel.» Une responsable de Securex souligne que ce «flou artistique» pose problème. «Il y a trois documents CERFA en circulation et tous les médecins ne sont pas forcément au courant des nouveaux horaires.»
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