De notre correspondante
MALGRÉ la pressurisation des avions, la pression barométrique en cabine reste inférieure à celle du niveau de la mer (760 mmHg). Elle correspond souvent à une altitude de 2 000 à 2 500 m. Ainsi, l'atmosphère à l'intérieur d'un avion, en altitude de croisière, est la même que celle au sommet d'une petite montagne. Il en résulte chez les passagers une diminution de la saturation en oxygène.
Cela pourrait-il être source de malaise, voire d'un mal aigu des montagnes ? En effet, le mal aigu des montagnes peut survenir chez des personnes non acclimatées qui se rendent à plus de 2 000 m d'altitude. Le risque augmente avec l'altitude, la vitesse d'ascension, et la sensibilité individuelle. Ce syndrome se manifeste par des céphalées, une anorexie, des nausées, des vomissements, une lassitude et une insomnie. La sévérité des symptômes augmente avec la baisse de la saturation artérielle en oxygène.
Baisse de pression partielle d'oxygène.
Certains passagers sur les vols long-courriers se plaignent de malaises dont les symptômes évoquent fortement le mal aigu des montagnes. Ils sont souvent mis sur le compte du jet-lag, de la position assise prolongée, de la déshydratation ou de la contamination de l'air en cabine. Puisque les pressions barométriques en cabine sont similaires à celles des altitudes auxquelles on observe le mal aigu des montagnes, il est possible que certains des symptômes soient liés à la baisse de pression partielle d'oxygène et qu'ils s'apparentent au mal aigu des montagnes.
Michael Muhm et coll., de la société Boeing à Seattle, ont étudié cette hypothèse en collaboration avec un chercheur de l'université d'Oklahoma.
Ils ont conduit une étude contrôlée, prospective, en simple aveugle, chez 500 volontaires placés en chambre hypobarique durant une période de 20 heures. Cinq altitudes ont été testées : 650, 4 000, 6 000, 7 000 et 8 000 pieds (soit 198, 1 219, 1 829, 2 134 et 2 438 m.). L'effet de chacun des seuils d'altitude était ainsi étudié chez une centaine de volontaires. Les chercheurs ont mesuré les effets de la pression barométrique sur la saturation en oxygène, sur la survenue du mal aigu des montagnes et d'un malaise en utilisant un questionnaire (Environmental Symptoms Questionnaire IV).
La chambre hypobarique était équipée de façon à ressembler à une cabine d'avion commercial. La séance simulait un vol de 20 heures.
Après 3 à 9 heures de vol.
Les résultats montrent que l'ascension jusqu'à environ 2 500 m abaisse la saturation en oxygène d'environ 4 % chez des adultes non acclimatés et en bonne santé. Ce degré d'hypoxémie se révèle insuffisant pour faire apparaître le mal aigu des montagnes. En effet, le syndrome était observé chez 7,4 % des participants, mais sa fréquence ne variait pas selon les altitudes étudiées. Toutefois, ce degré d'hypoxémie était associé à un risque accru de malaise après 3 à 9 heures de vol.
«Ce malaise rapporté par nos participants pourrait représenter un mal aigu des montagnes infraclinique, estiment les auteurs. Nous avons constaté que le degré d'hypoxémie manifesté entre 7000 et 8000pieds (2 100 et 2 500 m) joue un rôle importantdans sa survenue… Sur la base de nos résultats, nous concluons que le maintien sur les vols long-courriers d'une pressurisation de la cabine correspondant à moins de 6000pieds (1 829 m), soit une pression barométrique de 609mmHg ou plus, permettra de réduire la survenue du malaise chez les passagers.»
Muhm et coll. « New England Journal of Medicine », 5 juillet 2007, p. 18.
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