CINEMA
DE NOTRE ENVOYEE SPECIALE
RENEE CARTON
G ODARD nous surprendra toujours. Il y a, cette fois, presque une histoire, et des personnages joués par des acteurs, professionnels ou non (à côté de Bruno Putzulu, Cécile Camp ou Jean Davy, Françoise Verny, Claude Baignères, Rémo Forlani ou Jean Lacouture).
Un homme recherche, pour montrer les différents stades de l'amour (la rencontre, la passion physique, la séparation, les retrouvailles), trois couples, des jeunes, des vieux et des adultes. Mais comment montrer l'âge adulte ? Jeune ou vieux, cela se voit au premier regard, mais adulte ? Le voilà sur la piste d'une femme, rencontrée autrefois (qui a été renvoyée d'une série télé parce quelle refusait de lire le texte prévu, un bon point pour elle). Au passage, on fait la connaissance de son protecteur, un ancien marchand de tableaux, juif qui a connu l'Occupation.
Bien sûr ce n'est pas aussi simple et surtout pas linéaire. Les dialogues, ou souvent monologues, apparaissent décousus ; la suite des séquences n'est guère lisible non plus. Et pourtant, il en dit des choses, Godard, sur la vieillesse, la mémoire, l'amour, la création, le cinéma, la pauvreté, l'histoire, la guerre, la résistance, le Kosovo, et l'on en passe. A grands coups de citations littéraires (Péguy, Tristan Bernard, Sartre, Simone Veil, Saint-Augustin, Bataille, Bergson, Chateaubriand et bien d'autres) et de citations de lui-même, de ces phrases aussi hésitantes que définitives dont il a le secret. Avec des images en noir et blanc puis, au bout d'une heure, « l'action » se situant deux années en arrière, avec les couleurs agressives du numérique. Les décors aussi sont bavards : Montparnasse, l'île Seguin, la fontaine Saint-Michel, la station « Drancy Avenir », la Bretagne ou deux affiches juxtaposées (« Pickpocket » de Bresson et « Matrix » !).
C'est sûr, Godard, un vieux de la vieille, comme beaucoup d'autres participants à cette 54e compétition cannoise, a encore beaucoup à nous dire sur le monde (d'aujourdhui et du XXe siècle), et sa représentation, au cinéma en particulier (« On va au cinéma pour regarder d'une autre manière », dit-il, pour une fois simplement). Dommage qu'il le fasse de façon énigmatique et, avouons-le, inconfortable.
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