LE Dr SAUVEUR Gandolfi-Scheit, médecin généraliste à Bastia et maire de la commune limitrophe de Biguglia, paie cher son appel à la sévérité contre les indépendantistes clandestins corses.
Après sa mairie, le 23 mai dernier, c'est son cabinet médical qui a été, en pleine nuit, la cible d'un attentat à l'explosif. Le local qu'il partage avec son épouse, également généraliste, se retrouve totalement hors d'usage pour plusieurs mois. Car la petite bâtisse, située au cœur d'un ensemble de HLM d'un quartier populaire de Bastia, a été dévastée. Des deux salles d'attente et des deux pièces de consultation des époux Gandolfi, il ne reste pas grand-chose : en cours d'archivage électronique, les trente années de dossiers médicaux de ses patients, temporairement entreposés dans la salle d'attente du Dr Marie-Laure Robaglia-Gandolfi, sont partis en fumée ; l'ordinateur n'est pas mieux loti, transformé en une grosse boule de plastique fondu ; même les chaises ont fondu. Dehors aussi, il y a des dégâts : cinq voitures garées devant le cabinet ont été criblées d'éclats et, dix mètres plus loin, la baie vitrée de l'immeuble d'en face a souffert.
Dix jours avant l'explosion, Sauveur Gandolfi-Scheit, dont la mairie venait, en même temps que celle de Furiani, d'être fortement endommagée par un attentat, avait demandé, au cours d'une manifestation, une loi prévoyant des « peines de prison incompressibles contre (des) poseurs de bombes » qu'il n'avait pas hésité à qualifier de « terroristes ».
Réaction.
Dans les jours qui ont suivi cette déclaration, des responsables nationalistes publics, ainsi qu'un communiqué de l'un des principaux mouvements clandestins, le Flnc-Union des combattants, avaient vertement critiqué, sans nommer le Dr Gandolfi, les élus locaux qui appellent à davantage de « répression » contre les « patriotes ». Quatre jours avant l'explosion du cabinet, un tract était distribué dans Bastia par le syndicat d'étudiants indépendantistes Ghjuventu indipendentista (jeunesse indépendantiste), qui s'en prenait directement au maire de Biguglia, jugeant « intolérable qu'il pense et dise que la solution aux problèmes de la Corse et des Corses est d'enfermer des nationalistes corses ».
Devant son cabinet médical en miettes, le Dr Gandolfi-Scheit se désole : « C'est notre outil de travail qui est réduit à néant, confie-t-il à l'AFP. Je ne vis pas de la politique mais de ce cabinet, qui nous avons installé dans ce quartier il y a trente ans. » Quant à ses appels à la sévérité, le généraliste bastiais ne les renie pas mais on le sent désabusé : « J'ai parlé lors de la manifestation, j'ai lancé une idée. Ici, nous les élus locaux, nous condamnons à chaque fois ces actions mais cela ne sert à rien. C'est à l'Etat de prendre ses responsabilités. Je ne sais pas s'il le fera. »
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