LES BESOINS de la population en interventions chirurgicales orthopédiques se chiffrent déjà en centaines de milliers, voire en millions, et ne peuvent aller qu'en augmentant. Pendant ce temps, le nombre de spécialistes reconnus, en exercice, stagne ou diminue.
Selon les projections analysées par la Sofcot, cet écart entre les besoins et les ressources humaines qualifiées ne va aller qu'en s'accentuant. Les besoins croissent en raison du vieillissement et de la multiplication des activités à risque squelettique ; l'âge des spécialistes en exercice augmente sans que de jeunes chirurgiens prennent la relève en nombre suffisant ; la conjonction des deux tendances est particulièrement alarmante.
Améliorer l'attractivité du métier.
Le moindre enthousiasme des jeunes générations à s'orienter vers la spécialité s'explique par un ensemble de considérations plutôt qu'à cause d'un grief spécifique : les revenus assurés au terme d'un parcours de formation parmi les plus longs sont en baisse sévère ; une judiciarisation de plus en plus présente dans l'exercice aussi bien libéral qu'hospitalier supprime la sérénité indispensable à une exécution technique qui serait optimisée en l'absence de stress du technicien et/ou du décideur ; enfin, au fil des décennies, on est passé de la confiance aveugle du patient pour son chirurgien à une inquiétude qui confine à la défiance.
Cette altération de la relation soignant/soigné est en partie aggravée par l'obligation d'informer le patient, parfois en l'inquiétant inutilement des plus petits risques de l'intervention projetée.
Il importe donc d'œuvrer à la fois par l'information grand public et par la précision scientifique pour corriger la charge négative ainsi transférée à la profession.
La contribution des chirurgiens de formation extra-hexagonale.
S'il est indiscutable que le niveau à la fois médical et technique du cursus de formation français représente une référence, il apparaît à l'usage que les formations dispensées dans d'autres zones géographiques sont très inégales.
Compte tenu du déficit cumulé des spécialistes en exercice, on fait appel de plus en plus souvent à des chirurgiens de formation étrangère. Cette tendance ne peut d'ailleurs qu'être accentuée par l'élargissement de l'Europe, bien que pour l'instant les besoins d'appoint en chirurgiens soient assurés plutôt par des professionnels formés en dehors de l'Europe.
Mieux préparer l'avenir.
Face à ces risques d'altération de la qualité des soins à un horizon plus ou moins rapproché, il est du devoir de la Sofcot de proposer des solutions durables : tout d'abord, il convient de rétablir la confiance des patients dans leurs soignants, en impliquant les patients eux-mêmes (ou leurs associations) dans la gestion du risque chirurgical en collaboration avec les opérateurs.
Il convient également, comme le fait la Sofcot avec ses membres, de veiller particulièrement à la qualité de formation des chirurgiens et au maintien de cette qualité pendant la période d'exercice professionnel de l'intéressé(e) ; enfin il importe de favoriser l'accès des femmes à la spécialité : elles sont sous-représentées en chirurgie orthopédique alors qu'elles sont majoritaires depuis une quinzaine d'années dans la profession médicale en général.
Au total, la chirurgie orthopédique française aborde un tournant délicat de son histoire par les risques de qualité de soins qui se profilent à l'horizon pour la population ; il appartient à une société scientifique comme la Sofcot de mieux en cerner les enjeux.
D'après une conférence de presse Sofcot à laquelle participaient les Prs et Drs J.-Y. Nordin, Ph. Beaufils, Ch. Delaunay, E. De Thomasson.
* Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique.
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