EN CETTE PÉRIODE de Coupe d'Europe de football, trois spécialistes français se sont préoccupés de sportives dont on parle peu, les homologues féminines des footballeurs : les footballeuses. Pourtant, elles sont plus de 50 000 en France (données 2006), et leurs genoux payent, à leur sport favori, un plus lourd tribut que ceux de leurs homologues masculins. La fréquence de la rupture du ligament croisé est, en effet, de deux à trois fois plus élevée chez elles.
C'est ce qui a motivé l'analyse épidémiologique de cette lésion menée par E. Laboute (Capbreton), F. Legall (Clairefontaine) et P. Rochcongar (Rennes) auprès de 57 joueuses de première et deuxième division, donc, de haut niveau. Au-delà des chiffres, ces spécialistes se sont attachés à tirer des éléments pronostiques sur la reprise du ballon rond et du niveau à ce moment. En s'attachant à trois critères : les circonstances de l'accident, les types d'intervention et de rééducation.
Les jeunes femmes blessées avaient en moyenne 19,7 ans (de 13 à 34 ans), et l'étude a porté sur 66 lésions du ligament croisé antérieur.
Dans 65 % des cas, la lésion est survenue sans contact.
En ce qui concerne les circonstances de la rupture, dans 65 % des cas, elle est survenue sans contact avec l'adversaire. Ce qui reste bas par rapport à d'autres sports (handball, judo, basket-ball).
Sur le plan de la technique chirurgicale, il existe une grande variété de types d'intervention. Globalement, les différences enregistrées, tant sur le taux de reprises que sur les délais, ne sont pas significatives.
Après chirurgie, les auteurs constatent l'apport d'une rééducation en centre spécialisé. De fait, par rapport à une rééducation en centre classique ou en ville, elle a permis une reprise au niveau antérieur dans 91 % des cas, contre 64 %. Cependant, quelle que soit la rééducation choisie, la reprise du sport est survenue au bout de 8 ± 2 mois.
Engagement physique élevé.
Les médecins français confirment, enfin, les données de la littérature. Alors que la fréquence de la rupture, chez les hommes, est de 0,057 à 0,13 pour 1 000 heures de football, elle se situe, chez les femmes, entre 0,10 et 0,321. Les entraîneurs des équipes féminines expliquent en partie l'accident par l'engagement physique élevé des footballeuses. En effet, les ruptures au cours d'un contact représentent 35 % des cas. Soit un taux identique à celui des hommes évoluant en championnat national.
« Journal de traumatologie du sport », 25 (2008)67-74.
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