Suspense : les élections de juin permettront-elles d'atteindre « la masse critique » en matière de représentation des femmes à l'Assemblée nationale, c'est-à-dire 30 % des députés (contre 11 % actuellement) ? La sociologue Janine Mossuz-Lavau, qui dresse pour l'INED* le bilan et les perspectives de la parité hommes/femmes en politique, est bien en peine pour répondre : rares sont les partis qui se plieront à la loi du 50/50, la plupart visant plutôt un tiers de femmes, et celles qui obtiendront l'investiture risquent d'être envoyées dans des circonscriptions perdues d'avance.
La France a donc peu de chances de rattraper son retard sur la Suède (43 % de femmes dans la Chambre unique), le Danemark (38 %), l'Allemagne (31 % au Bundestag) ou même l'Espagne (28 % aux Cortes) ou le Royaume-Uni (18 % aux Communes). Il est vrai qu'il n'y a pas longtemps que notre pays a pris le chemin de la parité : il n'y avait que 6,1 % de femmes dans l'assemblée élue en 1993, à peine plus qu'en 1946 (5,6 %), alors que les femmes venaient à peine de conquérir le droit de voter et d'être éligible (1944).
Certes, la révision de la Constitution en 1999 et la loi promulguée le 6 juin 2000 étaient une première mondiale. Seulement la parité a du mal à s'inscrire dans les faits : aux municipales de 2001, il y a bien eu 47 % de femmes élues dans les communes de 3 500 habitants et plus, seules concernées par la loi, mais, toutes communes confondues, seulement un tiers de femmes et, surtout, bien peu d'entre elles parmi les maires (7 % dans les communes de 3 500 habitants et plus) et dans les conseils généraux (9,8 %). Quant au Sénat, il n'y a pas eu d'effet d'entraînement des départements où la parité était obligatoire (scrutin proportionnel pour les circonscriptions élisant 3 ou 4 sénateurs) sur les autres (scrutin majoritaire). Et avec 11 % de femmes contre 6 % lors du précédent renouvellement par tiers, la Haute Assemblée va vers la parité « à pas de sénateur ».
« Population et Sociétés », n° 377, mars 2002.
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