LA RÉFORME DOUSTE-BLAZY devait permettre de revenir à l'équilibre des comptes en 2007. Mais comme les précédentes «réformes de la dernière chance», cela ne fut pas le cas. Dans son ouvrage baptisé « Faut-il sauver la Sécurité sociale ? » (1), le Dr Régis Giet dresse un constat sans concession sur le système d'assurance-maladie français. Abus sur les arrêts de travail et les transports sanitaires, surconsommation de médicaments en France, recours de plus en plus important aux examens biologiques, dépenses hospitalières sur lesquelles l'assurance-maladie n'a pas la main... «La triste réalité de ce gâchis, c'est ce déficit chronique de l'assurance-maladie, constate le Dr Giet. Dès qu'une réforme profonde est envisagée, elle est immédiatement rejetée au motif que cela créerait une médecine à deux vitesses. L'assurance-maladie n'est pas une assurance ordinaire. Malgré un service médical bien doté, elle n'exerce pratiquement aucun contrôle sur les assurés, très peu sur les professionnels de santé. Elle abandonne la gestion des hôpitaux, soit plus de la moitié des dépenses, à l'Etat... Elle n'a pas vu venir le risque dépendance lié au vieillissement...» Selon le praticien, qui consacra trente ans de sa vie à la médecine générale et une grand partie au syndicalisme médical, «la Sécu ne peut pas être réformée car ses fondamentaux sont viciés». Le modèle qui prévalait lors de sa création en 1945 a volé en éclats. Le médecin coordonnateur d'HAD et d'EHPAD à Dijon préconise de mettre fin à l' «acharnement thérapeutique» de la Sécu et d'imaginer un système pérenne. «Les Français prennent lentement conscience que les ressources de l'assurance-maladie sont limitées et qu'il faut faire avec.»
Selon le Dr Giet, la cotisation ou le prélèvement fiscal doivent ouvrir des droits limités. Selon ce modèle, le panier de soins devrait être modifié, l'assurance-maladie limitant le remboursement à certains soins seulement. «Il faut revenir aux principes fondamentaux de l'assurance: évaluer pour chaque risque le montant prévisible de la dépense, mettre en place les contrôles qui prémunissent d'une fraude à l'assurance-maladie.» L'ancien président UNOF de l'URML Bourgogne plaide également pour la régionalisation ou la mise en concurrence des caisses. «La menace d'une éventuelle privatisation sert uniquement à préserver les avantages acquis d'une minorité», commente-t-il.
(1) « Faut-il sauver la Sécurité sociale », de Régis Giet, Dualpha Editions, collection « Politiquement incorrect ». Disponible sur www.dualpha.com au prix de 18 euros (frais de port : 5 euros).
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