Antiquités
« Tout citoyen pourra demander dans tous les dépôts communication des pièces qu'ils renferment, elles leur seront communiquées sans frais et sans déplacement, et avec les précautions convenables de surveillance. » C'est en ces termes de la loi du 7 messidor an II (16 juin 94) qu'était annoncée l'ouverture des Archives nationales. Le citoyen en question n'abusant pas, Dieu merci, de l'autorisation, ce sont les Archives qui viennent à lui, dans le cadre de la Foire du livre ancien, pour lui raconter, en une trentaine de documents, quelques instantanés de l'histoire de France, de Philippe le Bel à Vincent Auriol.
Le plus spectaculaire est un parchemin de 1314 par lequel les nobles de Picardie, Artois et Vermandois s'associent au « commun » pour partir en guerre contre les nouveaux impôts créés par Philippe le Bel. Le charme de ce document ne tient pas tant à son caractère séditieux, courant dans les temps féodaux, que dans les 38 sceaux de cire accrochés en bas, bien réguliers, comme les franges d'un tapis, dont il ne manque que les 11 du côté droit.
Le plus récent est le discours prononcé par Vincent Auriol à l'occasion de l'inauguration du barrage de Tignes. On imagine le tollé que provoquerait aujourd'hui un tel viol de l'espace naturel. En 1953, le président n'avait pas grand mérite à annoncer les prémices d'une France nouvelle et la perspective de lendemains qui s'équipaient à cadence accélérée.
D'autres étapes de l'Histoire nous attendent aussi chez les 107 exposants de la FIA (deux tiers français, un tiers qui ne le sont pas). On y croise des personnages, des rappels d'événements grands ou petits.
Les amoureux de Paris consulteront avec curiosité (à la Librairie des Carrés, qui le propose à 22 000 euros), les « Ordonances de la Prévosté des marchands et échevinages de la ville de Paris », un incunable de 1500 illustré de 55 bois gravés sur les métiers de Paris. Chez Chamonal, un document évoquant la découverte de la Terre-Adélie en 1840 par Dumont d'Urville nous emmène dans un voyage plus lointain.
Une lettre autographe de Pie VII en 1809 signale l'excommunication de Napoléon qui l'avait, il faut le dire, bien mérité. On ne s'étonnera pas non plus de trouver à la librairie Champavert, de Toulouse, un commandement d'huissier de mai 1907 adressé à « Alfred Jarry, homme de lettre », pour deux semestres de loyer impayé. Le père du Père Ubu était en effet un fauché chronique et notoire. Ce papier bleu accompagne, pour 1 600 euros, « les Gestes et opinions du Docteur Faustroll, pataphysique », roman néo-scientifique.
On reste dans l'humour pour se régaler, sur le stand de Sims Reed de Londres, d'une trouvaille rare, l'intégrale des 251 numéros, en 10 volumes, de La Caricature, dirigée par Philipon de 1830 à 1835, avec 104 planches coloriées mains, les lithos de Daumier, Granville, et les autres, le tout pour 40 000 euros.
On termine, pour le plaisir, par une promenade au « Jardin de plaisance et fleur de rhétorique », première anthologie des poètes du XVe siècle, vers 1520, orné en page de titre de trois délicieuses petites vignettes. On y rencontre Villon, Charles d'Orléans, Guillaume de Machaut. Et on ne quitte le royaume de la poésie qu'avec le manuscrit du « Livre ouvert » de Paul Eluard, complet des 73 poèmes écrits sur 66 feuillets de vergé bleuté (28 000 euros).
Foire internationale du livre ancien, du jeudi 22 au dimanche 25 mai, de 11 h à 19 h, Maison de la Mutualité, 24, rue Saint-Victor, 75005 Paris.
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