L'industrie pharmaceutique fait feu de tout bois en cette période électorale et alors même que l'accord qu'elle a signé avec les pouvoirs publics vient à échéance en 2002 et doit être renégocié avant la fin de l'année. Ainsi, après le Syndicat national de l'industrie pharmaceutique (« le Quotidien » d'hier), c'est au tour de l'association des Laboratoires internationaux de recherche (LIR), qui regroupe les principales multinationales présentes sur le sol français, de rendre publiques, à son tour, ses propositions pour une nouvelle politique du médicament.
Trois axes principaux de réflexion sont ainsi proposées aux pouvoirs :
Moderniser le panier de soins remboursables
Toujours agacé, même s'il ne le dit pas dans ce document, par l'absence de décision politique après les opérations de réévaluation de médicaments qui avaient conclu à l'absence d'efficacité d'un certain nombre de produits aujourd'hui remboursés, le LIR demande l'ouverture d'une « réflexion, associant tous les acteurs » sur ce sujet, afin de définir des critères « pertinents » de prise en charge. Notamment « la valeur ajoutée thérapeutique » d'un nouveau médicamen, qui pourrait servir à qualifier l'innovation. Celle-ci pourrait être garantie par une commission d'experts indépendants, dotés de compétences plus larges que celles des membres de l'actuelle commission de la transparence. Une nouvelle politique d'automédication, pour les produits qui ne bénéficieraient pas du remboursement, devrait être mise en place.
Simplifier le mode de fixation des prix du médicament
Il s'agit de permettre aux médicaments, dont la « valeur ajoutée thérapeutique » a été reconnue par les experts, d'être remboursés aussitôt ou presque, au prix du marché européen (très souvent supérieur au prix français). Pour le LIR, cette disposition permettrait l'accès aux patients des plus récentes innovations, alors qu'aujourd'hui il faut attendre souvent plusieurs mois avant de les voir prises en charge. En contrepartie du remboursement sans délai de ces médicaments apportant un progrès thérapeutique, l'association propose de simplifier la politique des génériques, afin de la rendre plus efficace, notamment en abaissant le prix des médicaments princeps, dès que les brevets tombent.
Modifier le système de régulation
Plutôt que de continuer à imposer à l'industrie pharmaceutique « un empilement de taxes, ce qui ne constitue pas un mode de régulation efficace et décourage l'innovation », le LIR propose la mise en place d'une seule contribution, assise sur le chiffre d'affaires de chaque entreprise et non plus de sa croissance, et qui serve à améliorer, d'abord, la qualité du système de santé. Dans ce contexte, le LIR demande l'installation d'un organisme scientifique, rattaché au Haut Conseil pour la santé récemment créé, et qui définisse les priorités annuelles de santé publique et évalue les financements à prévoir dans chaque PLFSS. Dans le même esprit, « une responsabilisation partagée de tous les acteurs », patients compris, devrait être instaurée.
Si le LIR se prononce également pour la poursuite de la politique contractuelle, il demande qu'elle ne se résume pas à une série d'accords individuels entre chaque entreprise et le Comité économique des produits de santé.
Enfin, le LIR demande que, dès le début de la prochaine législature, soient réunies des « assises de l'innovation » afin de jeter les bases d'une nouvelle politique du médicament, « au bénéfice de la poursuite du progrès thérapeutique ».
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