Seize plans de santé publique élaborés entre 2001 et 2002, et dont les calendriers s'échelonnent jusqu'à la fin 2005. Seize plans dont les champs sont aussi variés que l'asthme, le diabète de type 2, les maladies rares, l'insuffisance rénale chronique (IRC), les antibiotiques, le programme nutrition-santé, l'Alzheimer, le plan national d'éducation pour la santé (PNEPS), les troubles spécifiques du langage, les risques cardio-vasculaires, la douleur, le cancer du sein, la santé mentale, les soins palliatifs, le sida, et les hépatites C et B.
Seize plans dont les auteurs d'une étude commandée par l'association des laboratoires internationaux de recherche (LIR) ne contestent ni le bien-fondé, ni les modalités d'application (pour chacun d'eux pris individuellement), mais qui, pris dans leur ensemble, expliquent-ils, ne constituent pas à proprement parler une politique de santé dans la mesure où leur mise en œuvre simultanée apparaît comme « un pari opérationnel », et qu'il leur semble clair que « les financements nécessaires à leur concrétisation ne sont pas réunis ».
Et les auteurs d'ajouter que si chacun des plans revêt une importance certaine en matière de santé publique, « ce qu'on constate, c'est une absence de transparence des choix : en fonction de quels critères l'ostéoporose, par exemple, n'a-t-elle pas été choisie comme une priorité de santé publique ? ». Ils notent en outre que « l'objectif national de dépenses d'assurance maladie (ONDAM) pour 2002 a été voté sans même tenir compte des actions déjà annoncées, ce qui augurait mal de son respect ». Certes, les auteurs de l'étude reconnaissent que ces plans s'inscrivent dans « un effort de cohérence au service d'ambitions élevées », mais, dans le même temps, ils soulignent « une faible adaptation des structures et une évaluation pas toujours prévue ».
Un effet mécanique
C'est ainsi que ces plans vont avoir un effet mécanique, notamment sur l'hôpital public, avec des consultations nouvelles, des métiers nouveaux, des services nouveaux, ce qui les amène à s'interroger : « Comment concilier ces créations et le contexte croissant de pénurie de personnel ? » De plus, ils constatent que les plans s'accompagnent, dans douze cas sur seize, d'actions de formation et d'information, tant en direction des professionnels de santé qu'en direction des patients en général, avec un risque réel de non-disponibilité des professionnels, et de parasitage mutuel des messages en direction des patients. C'est pourquoi les auteurs notent « des contradictions croissantes entre les objectifs et les moyens financiers alloués », et concluent leur étude sur cette triple question : « Au vu des seize plans, l'ONDAM 2002 est-il réaliste ? Peut-il être sincèrement et médicalement justifié ? La loi de programmation quinquennale va-t-elle définir une vraie politique de santé ? »
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