« CONTRÔLER à la fois l'appétit et les fonctions reproductives constitue un grand avantage au cours de l'évolution des espèces, explique Marc Montminy (Floride). En l'absence de nutriments, le cerveau pense que l'organisme ne devrait pas se reproduire; en l'absence de graisses corporelles, la croissance foetale pourrait être altérée, et sans aliments pour restaurer les réserves énergétiques il n'y aurait rien pour nourrir l'enfant. » Une explication au lien entre les deux fonctions vient d'être fournie par cette équipe américaine. Le travail, mené chez la souris, passe par l'activation ou non de gènes utilisant la voie de la leptine.
Le gène TORC1.
Les chercheurs ont porté leur attention sur un gène TORC1, produit au niveau cérébral, et dont la fonction était inconnue. Ils ont conçu des souris mutantes dépourvues d'une ou de deux copies de ce gène. Ces rongeurs, minces à la naissance, commençaient à prendre du poids dès la 8e semaine et demeuraient obèses. Surtout, l'équipe de M. Montminy s'est aperçue que tant les mâles que les femelles étaient stériles.
Connaissant les implications de la leptine à la fois dans la satiété et la fertilité, l'équipe a pu mettre en évidence que TORC1 répond aux signaux en provenance de cette hormone.
Un organisme bien nourri.
En pratique, lors-que la leptine se fixe sur son récepteur neuronal, elle active TORC1, qui, à son tour, active deux autres gènes. Il s'agit de CART (Cocaïne and Amphetamine Regulated Transcript), qui coupe l'appétit, et de KISS1, qui stimule les fonctions reproductrices « dans un organisme bien nourri ». Il est d'ailleurs connu que des mutations de KISS1 sont impliquées dans l'infertilité.
L'équipe a également constaté une différence entre les deux groupes de souris selon qu'elles étaient porteuses ou non d'un seul gène TORC1. L'existence du gène uni-que suffit à restaurer la fertilité, mais n'empêche pas la prise de poids. Ce qui laisserait à penser que, chez l'humain, de faibles mutations de TORC1 pourraient constituer un facteur de risque génétique de surcharge pondérale.
Enfin, comme TORC1 est régulé par des kinases, les chercheurs y voient la possibilité d'une excellente cible thérapeutique potentielle.
« Nature Medicine », édition en ligne, 31 août 2008.
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