LE GLAUCOME à angle ouvert avec pression oculaire normale (ou subnormale) peut s’observer lors d’élévations transitoires de la tension oculaire (TO) provoquées par l’augmentation des pressions intrathoraciques. Selon une étude brésilienne (1), le lever de poids pratiqué dans les salles de musculation induit une élévation significative de la TO et pourrait constituer un facteur de risque de développement ou d’évolution d’un glaucome. L’élévation de la TO avait déjà été observée lors de la manoeuvre de Valsalva ou chez certains musiciens jouant d’un instrument à vent, mais c’est la première fois qu’on la décrit dans un exercice de musculation.
Dans cette étude, on a demandé à trente hommes volontaires sains (18-40 ans) de faire quatre séries de lever de poids. Tantôt les sujets devaient retenir leur respiration durant la dernière série de l’exercice (mode I), tantôt non (mode II). On laissait un intervalle d’une heure entre chaque mode d’exercice. La TO était mesurée par tonométrie par aplanissement de Goldmann, au niveau de l’oeil droit (mode I) puis de l’oeil gauche (mode II) chez chacun des volontaires. La TO (dont la valeur initiale, avant exercice, était inférieure à 21 mmHg) augmentait de 4,3 ± 4,2 mmHg (p < 0,01) dans l’épreuve de mode I, avec une élévation de plus de 5 mmHg chez neuf sujets (30 %). Dans le mode II (respiration non retenue), l’augmentation de la TO était de 2,2 ± 3,0 mmHg (p < 0,01). Chez deux sujets, l’élévation de la TO lors de le lever de poids en mode I dépassait 10 mmHg.
Répercussion au niveau de la choroïde.
L’augmentation de la TO notée durant le mode I de l’épreuve peut s’expliquer de deux manières. Elle pourrait être en relation avec l’élévation de la pression intrathoracique qui s’observe, comme dans la manoeuvre de Valsalva, lorsque le sujet retient sa respiration pendant l’exercice. L’augmentation de la pression veineuse intrathoracique se répercute en effet au niveau de la choroïde, via les veines jugulaires, orbitales puis choroïdiennes. Elle pourrait encore s’expliquer par une augmentation de la pression au niveau des veines épisclérales (la sclère étant le tissu sous-conjonctival) ; dans ce dernier cas, l’accroissement de la pression se fait de manière beaucoup plus progressive que lors de l’engorgement choroïdien.
Dans la présente investigation, les sujets étaient jeunes et sains. Les auteurs ont d’ores et déjà démarré une autre étude qui évaluera l’incidence du lever de poids chez des sujets plus âgés, ainsi que chez des patients glaucomateux. Les résultats de l’étude brésilienne devraient, par ailleurs, inciter à rechercher la pratique de cet exercice de musculation dans l’histoire des patients ayant un glaucome à pression oculaire normale.
(1) G.M. Viera, H.B. Oliveira, D.T. de Andrade, M. Bottaro, R. Ritch. Intraocular pressure variation during weight lifting. « Arch Ophtalmol », 2006 ; 124 : 1251-1254.
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