ALORS QUE COMMENCENT les négociations autour du prochain Plfss (projet de loi de financement de la Sécurité sociale), Christian Lajoux, président du Leem (Les Entreprises du médicament), a dressé un bilan sans complaisance du déficit des comptes de la Sécurité sociale. «La crise de l'assurance-maladie résulte avant tout de l'emballement des mécanismes de prise en charge», a-t-il tout d'abord indiqué, avant de rappeler opportunément que, si le médicament représente 20 % des dépenses d'assurance-maladie, il contribue, à travers les mesures qui ont été décidées par les pouvoirs publics, pour plus de 60 % à la résorption de son déficit.
Pour le président du Leem, l'accroissement des dépenses remboursables de médicament sur les six premiers mois de 2007 (vers les 3 % en valeur, mais avec un recul de 1,1 % en volume selon lui) n'est pas le fait des industriels, mais «exclusivement dû à la non-gestion des ALD et à la prise en charge sur le compte de ville des dépenses hospitalières». Et c'est le marché des spécialités, c'est-à-dire les sorties de la réserve hospitalière, qui tirerait essentiellement, selon le Leem, le marché de ville vers le haut. Selon les chiffres fournis par le Leem, près de 20 % du chiffre d'affaires des pharmacies de ville seraient imputables à des prescriptions de médecins hospitaliers.
Autre motif de hausse des dépenses de médicaments remboursables, pour Christian Lajoux, «l'échec observé sur la dispensation des gros conditionnements de trois mois», voulus par Xavier Bertrand, mais boudés, selon le Leem, par les officinaux.
Enfin, Christian Lajoux note que les récents déremboursements ne se sont pas traduits par un transfert vers l'automédication, «qui n'a toujours pas trouvé sa place en France».
Des taxes « illégitimes ».
Après le réquisitoire, les propositions. Pour Christian Lajoux, l'Etat doit donc se fixer des objectifs de croissance des dépenses de santé réalistes, car, si le prochain Ondam est inférieur à 4 %, «on pérennise délibérément le déficit» (on sait que le gouvernement travaille sur un Ondam à 2,8 %, ndlr).
Au sein de cet Ondam, le poste produits de santé doit être fixé au même niveau que l'Ondam général, et la clause de sauvegarde (une taxe qui pénalise financièrement les laboratoires dès lors que la hausse de leurs ventes est supérieure à 1 % d'une année sur l'autre) devrait être aménagée pour que son seuil de déclenchement soit au même niveau que l'Ondam produits de santé.
De la même manière, Christian Lajoux souhaite «en finir avec la fiscalité spécifique au médicament», qui nuit, selon lui, à l'attractivité internationale. A cet égard, le patron du Leem n'hésite plus à parler de taxes «illégitimes».
Enfin, l'Etat doit aussi prendre «des mesures structurantes», comme le Web médecin, pour une meilleure gestion des ALD, les gros conditionnements ou la promotion de l'automédication.
Mais Christian Lajoux ne s'en est pas tenu au déficit des comptes de l'assurance-maladie et à l'Ondam, et est revenu sur les programmes d'accompagnement, et de suivi des prescriptions des malades (« le Quotidien » des 10 et 29 janvier). Reconnaissant que Les Entreprises du médicament avaient leur part de responsabilité dans l'abandon provisoire du projet en mars dernier ( «nous n'avons pas su communiquer»), Christian Lajoux a énuméré quelques principes propres, selon lui, à viabiliser le projet : faire en sorte tout d'abord que ces programmes d'observance soient «déconnectés de tout programme de promotion» ; les faire réaliser sous le contrôle de professionnels de santé ; enfin, les faire valider par les autorités de santé.
Enfin, revenant sur le plan national Alzheimer, Christian Lajoux a indiqué avoir proposé aux pouvoirs publics «une collaboration la plus poussée possible pour attirer la recherche internationale en France». A cet effet, le Leem organisera à Cochin un colloque exceptionnel le 17 octobre prochain avec tous les acteurs concernés, afin de parler de cette coopération public-privé.
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