LE LEEM (Les Entreprises du médicament) vient de réunir au palais de la Mutualité à Paris le ban et l'arrière-ban du monde la santé.
Avec pour objectif de répondre à une simple mais importante question : «Comment faire de la France un grand pays des sciences du vivant?»
De nombreuses personnalités avait répondu à cette invitation, notamment Jean-Michel Dubernard et François d'Aubert de l'UMP, Jean-Marie Le Guen et Jean-Yves Le Déaut du PS, Jean Arthuis et Christian Saint-Etienne de l'UDF, sans oublier le Dr Dinorino Cabrera, président du Cnps (Centre national de professions de santé), Christian Saout, président de la Conférence nationale de Santé, et Jean-Luc Bernard, du Ciss (Collectif interassociatif sur la santé).
Frapper un grand coup.
Le Leem cherche à obtenir des engagements fermes sur la politique de santé qui sera menée en France au cours des cinq années à venir.
En effet, depuis la mise en place de la réforme de l'assurance-maladie, le plan gouvernemental d'économies sur le médicament a mis l'industrie pharmaceutique à contribution à concurrence de 3,4 milliards d'euros. Mais il y a plus, car la loi de financement de la Sécurité sociale de 2007 prévoit la poursuite du développement des génériques, un objectif de dépenses des produits de santé négatif (– 2,6 %), ainsi qu'une taxe exceptionnelle sur les ventes directes de médicaments. Dans le même temps, toujours selon le Leem, la place de la France recule, concernant aussi bien la recherche que la conduite des essais cliniques. Il fallait donc frapper un grand coup pour marquer les esprits.
C'était le but évident de ce débat.
Au cours du premier acte de la soirée, les différents intervenants ont dressé un état des lieux du médicament et de la politique de santé. Pour Christian Saout, «les politiques doivent cesser de considérer la dépense de santé comme une simple dépense, car elle est deux fois plus productive que les autres». Jean-Michel Dubernard vantait pour sa part les mérites de la réforme de l'assurance-maladie et assurait qu'elle avait «encore besoin de temps pour produire tous ses effets». Jean-Marie Le Guen détaillait les prochains défis à relever, au nombre desquels «le vieillissement de la population, les maladies chroniques et le retour des pandémies». Enfin, Jean-Luc Bernard tentait de recentrer le débat en recommandant qu'on s'occupe des malades avant de s'occuper des industriels.
Un bel unanimisme.
Mais très vite, le débat entre dans le vif du sujet. François d'Aubert rappelle qu'il est vital que la France «reste dans la course de la recherche» et qu'il faut 1 milliard d'euros d'investissement en R&D (recherche et développement) pour mettre au point une molécule innovante. Il précise enfin que le programme de Nicolas Sarkozy prévoit une augmentation de 50 % des crédits alloués à la recherche en santé dans les cinq ans. Jean-Yves Le Déaut regrette qu'on investisse moins en France que dans les autres pays, mais note que «la recherche a plus de place dans cette campagne que dans les précédentes». De son côté, Christian Saint-Etienne renchérit en estimant que en France, «on est très en retard en matière de recherche», et rappelle que si nous étions au 3e plan mondial il y a quinze ans, nous sommes aujourd'hui 7e ou 8e. «La santé est trop abordée en termes de coûts et pas assez en termes de création de richesse», insiste-t-il avant d'assurer que en France, «l'industrie pharmaceutique est traitée comme une industrie ancillaire».
Jean Arthuis rappela que François Bayrou proposait d'augmenter de 10 % par an les crédits recherche, et Jean-Yves Le Déaut que Ségolène Royal voulait de son côté les augmenter de 40 % sur cinq ans. Bref, un bel unanimisme que le Leem saura sûrement rappeler au nouvel élu, quel qu'il soit.
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