À LA FIN DU MOIS de mars, les syndicats de médecins libéraux signataires de la convention et l'assurance-maladie paraphaient un avenant qui prévoit notamment le passage du « C » à 22 euros au 1er juillet prochain, et renvoie à 2008 son passage à 23 euros. Mais ce texte prévoit aussi un certain nombre de contreparties pour le passage du « C » à 23 euros. Les médecins libéraux s'engagent notamment, dans le cadre de la maîtrise médicalisée, à réduire les prescriptions de statines, d'antibiotiques, d'hypnotiques et d'anxiolytiques.
C'est dans ce contexte que Christian Lajoux, président du Leem (Les Entreprises du médicament), vient de prendre sa plume pour écrire au nouveau ministre de la Santé, Philippe Bas. Le patron du Leem n'est pas satisfait des termes de cet avenant. Il lui reproche notamment de faire une confusion des rôles et des compétences entre l'assurance-maladie et la Haute Autorité de santé (HAS) : «Nous constatons, écrit Christian Lajoux à Philippe Bas, que cet avenant contredit la cohérence de la gouvernance de santé de notre pays, notamment en ce qu'il donne des recommandations ou orientations fermes en matière de politique de santé qui apparaissent être du domaine de la HAS.» Christian Lajoux liste ces recommandations : incitations à la vaccination anti-grippale ou au dépistage précoce du cancer du sein, directives relatives à l'amélioration de la prise en charge des personnes diabétiques, recommandations d'éviter l'association systématique des IPP (inhibiteurs de la pompe à protons) et des Ains (anti-inflammatoires non stéroïdiens) pour des patients sans facteurs de risque, etc. Le Leem ne met pas en doute le bien-fondé de ces recommandations, mais précise qu'elles «devraient être du ressort de la HAS et non de l'Uncam (Union nationale des caisses d'assurance-maladie) , ce qui soulève une question de compétence de l'autorité qui a édicté ces normes, et donc de validité de l'acte qui en résulte».
Christian Lajoux assure que ces recommandations «soulèvent des questions au plan du droit de la concurrence», dans la mesure où les partenaires conventionnels s'entendent également pour cantonner à 25 % de parts de marché les IPP non génériqués, «et cela, ajoute Christian Lajoux, sans tenir compte ni des composants chimiques ni des indications thérapeutiques qui peuvent être différenciées entre les différents IPP». Pour le patron du Leem, cela «revient à répartir les marchés ou les sources d'approvisionnement sur le marché», et constituerait donc une atteinte directe au droit de la concurrence.
Le courrier de Christian Lajoux a fait réagir le député UMP Yves Bur, président du groupe d'études sur le médicament. Dans un communiqué, celui-ci juge «choquants» les propos du président du Leem, qui ne devrait pas jouer «contre la maîtrise médicalisée de l'assurance-maladie». Pour Yves Bur, «les cotisations des assurés n'ont pas pour vocation première d'enrichir les laboratoires et leurs actionnaires». (...)
«Le Leem, poursuit-il , devrait se préoccuper davantage de l'intérêt général, de manière que chaque euro dépensé soit un euro bien employé pour la santé des Français. »
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