Une équipe de l'hôpital d'instruction des armées Bégin rapporte dans « la Presse médicale » une intéressante observation qui montre que « la constatation d'un poumon métastasé chez une personne octogénaire ne doit pas faire renoncer au diagnostic et au traitement étiologique ».
Depuis quatre semaines, cette femme de 85 ans tousse et est fatiguée ; elle a perdu 4 kg. Elle est hospitalisée. Elle signale que, depuis quarante ans, elle est porteuse d'un goitre asymptomatique. Effectivement, on retrouve à l'examen un volumineux lobe thyroïdien droit. L'examen des seins est normal et on ne retrouve pas d'adénopathie ; les touchers pelviens sont normaux.
La radiographie du thorax de face montre un lâcher de ballons, à savoir de multiples nodules parenchymateux bilatéraux, sur les lobes inférieurs.
La tomodensitométrie le confirme et montre que le goitre loge dans le médiastin supérieur droit.
On évoque la possibilité d'une tumeur maligne de la thyroïde avec métastases pulmonaires. Hypothèse confortée par la découverte d'une thyroglobuline à 1 916 mg/l (2 < N < 70).
On fait une thyroïdectomie totale qui permet l'ablation d'un goitre de 82 g ; il s'agit d'un carcinome de type papillaire, qui infiltre également l'isthme et le lobe gauche.
Recul de deux ans : état clinique satisfaisant
Quatre semaines plus tard, on fait un traitement complémentaire par iode radioactif. La patiente est ensuite traitée par hormonothérapie thyroïdienne à dose freinatrice.
« Après deux ans de recul, indiquent les auteurs, l'état clinique est satisfaisant, permettant l'autonomie de cette femme âgée qui vit toujours seule à domicile. La régression de plus de 50 % des images pulmonaires initiales et le taux de thyroglobuline de contrôle de 43 mg/l démontrent l'efficacité thérapeutique. »
Les auteurs rappellent qu'une image pulmonaire en lâcher de ballon fait évoquer des métastases d'un cancer évolutif et conduit à réserver le pronostic à court terme. « La recherche d'une tumeur sensible à un traitement spécifique, ajoutent-ils, est primordiale même après 80 ans, car le bénéfice clinique, voire la guérison dans de rares cas, n'est pas exclu, comme l'illustre cette observation. »
O. Dupuy, G. Belmejdoub, V. Duverger, H. Mayaudon, Lyse Bordier et B. Bauduceau. « La Presse médicale » du 11 janvier 2003, p. 28 (lettre).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature