Le Lac des kangourous

ON RÉPÈTE à l'envie que l'Australian Ballet n'était pas venu à Paris depuis 43 ans. Il y a cependant des visites que l'on devrait contrôler.

Samedi 4 octobre 2008, sur scène (et dans la fosse), on est à mi-chemin entre « My Fair Lady » et « les Feux de l'amour » avec un « Lac des cygnes » dont la chorégraphie signée par Graeme Murphy, dont l'idée directrice de l'argument tient en une phrase extraite de l'interview princeps de feue Diana, princesse de Galles : «Nous étions trois dans ce mariage, cela faisait beaucoup de monde…»

On a sans aucun doute changé de siècle entre les deux visites de cette institution australe, au demeurant une assez bonne troupe.

Du « Lac », on soulignera une certaine malhonnêteté de ne pas indiquer aux spectateurs plus clairement qu'il ne s'agit pas du « Lac » traditionnel, tout le monde dans le public ne connaissant pas forcément le nom de Petipa auquel est, il est vrai, s'est substitué celui de Murphy, seule indication donnée. Le tripatouillage du découpage musical pour faire plier la danse à l'argument est inadmissible.

Le premier programme qui, avec sa « Symphonie fantastique » de Krzysztof Pastor, chorégraphe du Het Nationale Ballet d'Amsterdam, et son « Rite » signé Stephen Page, nous avait paru d'un néoclassicisme un peu convenu et rébarbatif, était en regard et rétrospectivement bien meilleur.

Une dernière mention pour l'Orchestre Pasdeloup dirigé par Nicolette Fraillon. Si l'installation sonore du Châtelet n'était pas si détestable, on se prendrait à regretter le luxe effréné que représente la présence d'un orchestre dans la fosse pour un spectacle chorégraphique…

Châtelet : 01.40.28.28.40 et www.chatelet-theatre.com. Prochain spectacle « Edward aux mains d'argent », ballet de Matthew Bourne, d'après le film original de Tim Burton, musique de Terry Davies et Danny Elfman. Jusqu'au 2 novembre.