La cause de la SEP demeure inconnue malgré plus d’un siècle de recherches. Si de nombreuses données plaident pour une pathogenèse auto-immune, la cible de la réponse immune reste à identifier. Une équipe allemande dirigée par le Dr Bernhard Hemmer (Munich) rapporte maintenant une avancée.
Les chercheurs montrent une fixation spécifique des IgG aux cellules gliales dans un sous-groupe de patients SEP (58 %) et ont découvert que la cible précise de la fixation des anticorps était une boucle extracellulaire du canal potassium KIR4.1.
Ils ont ensuite confirmé de plusieurs manières que le canal KIR4.1 est bien la cible de la réponse auto-anticorps dans la SEP. En effet, les anticorps anti-KIR4.1 sont présents chez 47 % des patients SEP (186/397), contre seulement 1 % des patients qui ont d’autres maladies neurologiques (3/329) et aucun témoin sain (0/59).
Ces anticorps IgG anti-KIR4.1 sont principalement des IgG1 et IgG3, capables de fixer le complément et donc d’entraîner une lyse cellulaire.
L’injection cérébrale chez la souris de complément humain et d’IgG anti-KIR4.1 isolées chez les patients SEP, est suivie d’une perte de l’expression KIR4.1, d’une expression altérée des protéines acides fibrillaires dans les astrocytes, et de l’activation de la cascade du complément aux sites d’expression KIR4.1 dans le cervelet. Ces anomalies suggèrent que les IgG anti-KIR4.1 peuvent reconnaître leur cible antigénique dans le SNC et endommagent structurellement les cellules gliales.
On sait que le canal potassium KIR4.1 est exprimé principalement par la glie du SNC (astrocytes, oligodendrocytes et glie de Bergmann). On sait aussi que les souris KO génétiquement déficientes en KIR4.1 présentent une hypomyélinisation et des anomalies axonales dans le SNC.
« Si ces résultats sont confirmés, un sous-groupe de cas de SEP pourrait en fait appartenir à une collection grandissante de maladies dites "canalopathies" – des maladies causées par une dysfonction d’un canal à ions », notent deux éditorialistes.
« Si KIR4.1 est la cible de la réponse immune dans la SEP, explique au "Quotidien" le Dr Bernhard Hemmer, cela pourrait être un premier pas vers le développement de thérapies spécifiques basées sur l’antigène dans la SEP. À présent, nous continuons de développer le test anticorps pour les applications cliniques et plusieurs études sont en cours pour déterminer si l’anticorps est associé à un phénotype particulier ou une réponse particulière au traitement. De plus, il nous faut examiner comment les anticorps anti-KIR4.1 contribuent à la pathogenèse. »
Srivastava et coll. « New England Journal of Medicine » du 12 juillet 2012.
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