De par sa proximité géographique avec la France et parce que le pays avait décidé de lever le numerus clausus, la Belgique était choisie en masse par les étudiants français depuis plusieurs années pour faire médecine. « On a vu arriver beaucoup d’étudiants qui souhaitaient contourner le système français », se rappelle le Pr Didier Giet, directeur du département de médecine générale de l’université de Liège. Au niveau national, 17 à 26 % des étudiants en médecine sont des étudiants français. « Le mélange des cultures est très intéressant, mais cela pose un problème sous jacent de santé publique : on forme des médecins dont la population ne va pas bénéficier, alors qu’il existe une pénurie de médecins dans notre pays », poursuit-il. Avec une population médicale vieillissante -50 % des médecins généralistes belges ont plus de 54 ans - la situation risque de devenir grave. Et le gouvernement a décidé de réagir.
En juin dernier, un décret a été adopté pour limiter le nombre d’admissions des étudiants « non-résidents » en Belgique dans les facultés de médecine et dentaire francophones du plat pays. « À l’université de Mons par exemple 50 % des effectifs sont des étudiants étrangers et majoritairement des Français. C’est un phénomène qui prend de l’ampleur. Je pense que le décret qui limite à 30 % est une bonne chose. Cela va mettre des limites à un effet exponentiel qui existe », conclut-il.
La qualité de l’enseignement en question
Car au-delà de l’argument de la désertification médicale qui menace le pays, c’est également celui de la qualité de l’enseignement délivré qui est en question. « On arrive à une saturation qui pose problème pour la qualité de l’enseignement et les capacités d’encadrement. Il faut revoir les travaux pratiques. Il y a des élèves qui viennent 1h30 avant le début des cours pour avoir une place assise », rapporte l’universitaire.
Le texte du décret prévoit en outre un « système de tirage au sort » en première année de médecine qui concerne les étudiants « non-résidents ». En seront donc exemptés les « étudiants de nationalité belge domiciliés sur le territoire belge » et les « étudiants non belges qui résident depuis plus de trois ans en Belgique ». Pour le Pr Giet, le choix de la loterie « était l’alternative la plus simple ». «Si vous faites une sélection sur dossier, cela pourrait prêter le flan à des recours, parce que l’on pourrait dire pourquoi tel ou tel critère choisi, celui-ci est discriminatoire etc. », explique-t-il. Des quotas similaires avaient déjà été mis en place, en 2006, pour les études de kinésithérapie, de médecine vétérinaire et de logopédie/orthophonie, pour justement faire face à l'afflux d'étudiants français.
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