Chet Baker, vingt ans après

Le jazzman romantique

Publié le 15/06/2008
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Il y a vingt ans – le 13 mai 1988 – disparaissait tragiquement, à l'âge de 59 ans, Chesney H. « Chet » Baker, des suites d'une chute mortelle de la fenêtre de sa chambre d'hôtel à Amsterdam. Quelques jours auparavant, le trompettiste et chanteur s'était produit au New Morning à Paris.

Né en 1929 dans l'Oklahoma, Chet Baker, le mauvais garçon play-boy à la gueule d'ange, devenue par la suite fripée comme un vieux parchemin, le pendant blanc de Miles Davis, engagé par Charlie Parker lors d'une tournée du saxophoniste en Californie au début des années 1950, était un pur produit du jazz West Coast. Rapidement devenu l'enfant chéri du jazz be-bop et cool – malgré ses gros problèmes de drogue et ses nombreux séjours en prison –, le trompettiste, au son délicat et au souffle fragile, s'était aussi transformé en chanteur évanescent grâce à une voix unique, à la limite de la rupture et de la cassure.

Deux décennies après, le personnage fascine toujours autant et reste un mythe. Deux actualités phonographiques viennent célébrer l'anniversaire de sa disparition.

D'une part, «Chet Baker Memory» (Columbia/SonyBMG), qui est une compilation de vingt titres enregistrés entre 1953 et 1975, à la tête de diverses formations, dont un big band avec cordes, aux côtés de pointures comme Zoot Sims, Jim Hall, Shelly Manne, Ron Carter, Paul Desmond ou René Urtreger. Et, d'autre part, un double CD dans la collection « The Quintessence » (Frémaux & Associés) intitulé «Los Angeles-Paris-Ann Arbor – 1953-1956», permettant de redécouvrir le trompettiste-bugliste, principalement lors de sa période West Coast, avec notamment Gerry Mulligan, Art Pepper et autres héros du style, comme Zoot Sims, Shelly Manne, Russ Freeman, Bob Brookmeyer, Bud Shank, ainsi que lors d'un séjour à Paris en 1955, qualifié de « métamorphose », avec notamment comme accompagnateurs René Urtreger, Jean-Louis Chautemps, Pierre Michelot. Des témoignages d'un des derniers grands jazzmen romantiques.

> D. P.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8392