LE JAZZ WEST COAST a connu son apogée entre 1952 et 1958. La plupart de ses protagonistes venaient de deux grandes formations : le Second Herd (2e Troupeau) de Woody Herman et celle de Stan Kenton. Si les principaux solistes, dont beaucoup venaient de New York, étaient blancs, certains jazzmen noirs (Leroy Vinnegar, basse, Chico Hamilton, batterie, ou Hampton Hawes, piano, notamment), participèrent à l'essor d'un mouvement qui fut largement voué au mépris par la critique française de ces années-là, du fait de la couleur dominante de ses acteurs. Courant aux influences multiples – be-bop, cool, pré-free, swing, compositeurs classiques du XXe siècle – laissant une grande place aux arrangements, la West Coast fut aussi une pépinière d'artistes plus ou moins (re)connus.
Grâce à des rééditions – tout récemment chez Fresh Sound Records dans la collection « Jazz City Series » (distr. Abeille Musique, www.abeillemusique.com) – l'amateur ou le collectionneur peut se replonger dans cette page d'histoire du jazz.
Ainsi Bob Cooper. Ancien saxophoniste ténor et hautboïste chez Stan Kenton, Bob Cooper (1925-1993), marié à la chanteuse June Christy, fut l'un des pilliers du Lighthouse, le fameux club d'Hermosa Beach (à une trentaine de kilomètres de Los Angeles), point de ralliement des west-coasters. Possédant un son superbe, profond et ample, il enregistre pour Capitol plusieurs disques, qui ont été compilés dans « Group Activity » (1955), où il a comme sidemen des pointures du genre Shelly Manne (batterie), Bud Shank (saxophone) et Jimmy Giuffre (saxophone/clarinette).
Ainsi encore, le tandem Cy Touff et Richie Kamuca. Le premier (1927-2003), une des rares trompettes basses, et le second (1930-1977), saxophoniste ténor, s'étaient rencontrés au sein du big band de Woody Herman, où ils officiaient entre 1953 et 1956. « Primitive Cats » rassemble les deux solistes en quintette et octette – avec notamment Pete Jolly (piano), Leroy Vinnegar (contrebasse) et Harry Edison (trompette) – à Los Angeles en 1955 pour un remarquable travail collectif autour de standards et de compositions originales, dont il faut admirer la richesse des arrangements.
Le clarinettiste/saxophoniste/chef d'orchestre/compositeur/chanteur Woody Herman (1913-1987) fut, avec sa grande formation, rebaptisée Herd dans les années 1940, l'une des pépinières pour l'éclosion des meilleurs représentants du jazz californien. Elevé dans le swing, le leader s'installe en Californie à la fin 1946 où il monte l'année suivante son fameux « Second Herd - avec les célébrissimes « Four Brothers - et dirige également des groupes à géométrie variable, dont un octette. Ils seront autant de viviers, comme le montre « Blues & Swing Groove » (1955-1956), où s'exprimaient des accompagnateurs comme Cy Touff, Richie Kamuca, Vic Feldman (vibraphone) et Monty Budwig (contrebasse). On y retrouve des standards impérissables du jazz comme « Every Day I Get The Blues », « Basin Street Blues » ou « Jumpin' At The Woodside », revisités et réarrangés version West Coast, mais qui conservent intact leur swing et leur côté bluesy, avec, en prime, des solistes au top.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature