POUR LA PREMIERE fois en France, un coeur artificiel de type Jarvik 2000 a été implanté à Caen chez un patient. La turbine silencieuse et légère est destinée à augmenter le flux sanguin d'un homme de trente ans souffrant d'une insuffisance cardiaque. L'équipe, dirigée par le Pr Gilles Grollier (chef du service de cardiologie du CHU de Caen), préfère attendre de voir comment le patient va récupérer avant de se prononcer. Une deuxième implantation d'un Jarvik 2000 devait avoir lieu dans le même centre chez un homme de 57 ans. Dans les deux cas, les patients étaient dans l'attente d'une transplantation cardiaque.
D'autres implantations de pompes du même type que Jarvik 2000, c'est-à-dire centrifuges à écoulement continu, ont déjà été réalisées en France, par l'équipe du Pr Daniel Loisance (CHU Henri-Mondor, Créteil), qui a équipé cinq patients du « Berlin Heart Incor ». L'un d'entre eux vit encore, deux ans et demi après l'opération, et va bien. Les autres ont eu une transplantation cardiaque ou sont décédés.
Jarvik 2000 fait partie des pompes implantables à écoulement continu. Elles présentent le double avantage d'être compactes et silencieuses. En pratique, elles sont utilisables de préférence chez des malades dont les fonctions d'organes ne sont pas trop dégradées, avant le stade de défaillance viscérale (Pr Daniel Loisance).
Jarvik 2000 se présente sous la forme d'une turbine de la taille d'un gros pouce. Il est placé à la pointe du ventricule gauche. Il est relié à l'aorte descendante ou ascendante. Léger, il pèse environ 90 g. Il fonctionne grâce à une batterie externe d'un poids inférieur au kilogramme. Le câble d'alimentation ressort soit par l'abdomen, soit derrière la tête. Il est indiqué chez des malades en défaillance cardiaque momentanée, mais on peut aussi l'envisager en port permanent. Des inconnues demeurent sur le caractère durable de ce matériel, qui a encore besoin d'être évalué, indique le Pr Loisance, qui a le projet d'implanter Jarvik chez l'animal (veau).
On estime qu'actuellement environ 150 personnes dans le monde sont équipées de l'assistance circulatoire Jarvik 2000, du nom de son inventeur, l'Américain Robert Jarvik, qui a aidé l'équipe chirurgicale caennaise. La première personne à avoir bénéficié de Jarvik 2000 est un pasteur d'Oxford qui est toujours en vie 4,5 ans après l'implantation et qui va bien. Un autre atout de l'appareil est que le patient peut apprendre à régler lui même le débit sanguin (utile s'il doit faire un exercice physique).
Avec un recul de plus de vingt ans d'utilisation des dispositifs d'assistance ventriculaires implantables, on s'aperçoit qu'une vie de bonne qualité est possible. La qualité de vie peut même être meilleure que chez un greffé (Pr Loisance).
Le recours à l'assistance circulatoire implantable se développe en France, pour tenter de pallier la pénurie des organes de transplantation. Si Jarvik a pu être implanté, c'est parce que le fabricant a réduit le prix de l'appareil, mais il reste d'un coût élevé (80 000 euros, à la charge des centres hospitaliers), ce qui reste une limite sérieuse.
Coeur artificiel
Le Jarvik 2000 implanté à Caen
Publié le 08/12/2005
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> Dr BÉATRICE VUAILLE
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 7860
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