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Passionné des jardins et d'histoire, Arnaud de Fayet a conjugué ses talents pour écrire un premier roman qui n'est rien de moins que les mémoires apocryphes du jardinier André Le Nôtre. On le voit uvrer pour le compte du surintendant Fouquet à Vaux-le-Vicomte et, bien sûr, pour le Roi-Soleil à Versailles, mais on découvre aussi que c'est pour les beaux yeux d'Adélaïde Maupin - aux attraits desquels il sut résister pour ne pas trahir l'amour qu'il portait à sa femme - qu'il conçut ce jardin des Cinq Plaisirs. Une promenade quasi bucolique, dans un siècle de splendeurs.
Editions Flammarion, 325 p., 20 euros.
« L'Emotion définitive », de Dominique Ghiglione
Un premier roman qui ne manque pas de souffle sur le thème du désir, de la rencontre de l'autre et, ce faisant, de soi-même. Dont l'intérêt tient beaucoup dans la façon dont le récit va crescendo, comme un suspense de roman policier.
Léo et Sandra, Sandra et Léo ; lui, d'abord rejeté, puis recherché, par elle, de plus en plus impatiente et absolue ; les fantasmes que la progression de ce désir va susciter, le long chemin sensuel que les deux héros vont faire l'un vers l'autre, chacun attentif à combler, voire anticiper, l'attente de l'autre.
Et, au-delà de l'érotisme sous-jacent, l'histoire de cette rencontre est aussi la descente au fond d'elle-même de Sandra, qui, à mesure que progresse sa relation amoureuse avec Léo, découvre ses propres incertitudes et les blessures qui ont façonné sa personnalité.
Editions Bruno Leprince, 189 p., 15 euros.
« Le 5e Règne », de Maxime Williams
Un jeune auteur - il est né en 1976 -, un premier roman et le prix du roman fantastique du Festival de Gérardmer, Fantastic'Arts : ce coup de maître ne peut que retenir l'attention, si l'on est un adepte des frissons.
Entre roman fantastique et roman à suspense, « le 5e Règne » relate l'affrontement ultime pour le pouvoir et la vérité sur le rôle de l'homme dans l'univers.
Le récit tourne autour d'une poignée d'adolescents d'Edgecombe en Nouvelle-Angleterre, sans signe particulier si ce n'est le léger ennui de grandir dans une petite ville où il ne se passe pas grand-chose. C'est pourquoi, le jour où ils découvrent un vieux livre dans un grenier poussiéreux, ils ne résistent pas à la tentation de l'ouvrir. Ouvrant ainsi la porte au mal qui prend la forme d'hommes au charisme effrayant, semblables à des vampires, et se concrétise par la disparition d'enfants que l'on retrouve le corps mutilé. Les gamins se doutent bien que le grimoire et eux-mêmes sont partie prenante dans cette terreur qui s'abat sur la ville ; mais en sont-ils les victimes, ou les meneurs ?
Editions du Masque, 485 p., 13 euros.
« Libre et légère », d'Edith Wharton
Le premier roman de la grande romancière new-yorkaise, publié seulement de façon posthume en 1993 et resté inédit en France jusqu'à aujourd'hui. Un premier roman écrit en 1876, lorsqu'elle n'avait que quatorze ans, surprenant par son thème audacieux : une belle jeune fille renonce à son amour pour épouser un lord plus vieux d'une quarantaine d'années mais fort riche.
Un récit surprenant aussi par la maîtrise de la langue, la construction des scènes, le crescendo vers un implacable final. On trouve déjà dans ce court texte - écrit sous le pseudonyme masculin de David Olivieri - bon nombre de thèmes whartoniens que l'on retrouvera dans « la Récompense d'une mère », « Ethan Frome », « les New-Yorkaises » ou « le Temps de l'innocence » qui lui valut d'être, en 1921, la première femme à recevoir le prix Pulitzer : l'impossibilité d'aimer son égal, l'horreur du mariage, la solitude de l'adolescence, le contraste entre la femme volontaire, née pour l'exception, et la jeune fille modeste et vertueuse, promise à une vie normale.
« Libre et légère » est suivi d'« Expiation », une courte nouvelle écrite trente ans plus tard, dans laquelle Edith Wharton se moque de ses ambitions littéraires passées et des murs éditoriales de l'époque.
Editions Flammarion, 208 p., 19 euros.
« La nuit, tous les vieux sont gris. La société contre la vieillesse », de Jérôme Pellissier
Ils constituent presque un quart de la population française mais ils sont rares dans les lieux publics, quasi absents des médias, disparus du monde du travail. Les démographes les trouvent trop nombreux, les politiques les jugent coûteux et les médecins, relayés par les médias, en dressent un portrait type dominé par les détériorations et l'Alzheimer : Jérôme Pellissier, qui a 32 ans et travaille actuellement dans le milieu associatif, brosse un portrait mordant de l'attitude de notre société envers les « vieux ».
Il tient à ce nom. Car, dit-il, tant qu'ils consomment et gardent l'apparence de la jeunesse, ce sont des seniors. Dès qu'ils faiblissent, quelles que soient les prudes dénominations utilisées - personnes âgées, du troisième âge, du quatrième âge, aînés, etc. - et l'hétérogénéité des situations et des destins, ce ne sont plus que des « dépendants », passifs bénéficiaires d'aides et de services.
Les vieux vont mal, dénonce-t-il : cloîtrés chez eux ou remis à des institutions qui ressemblent encore aux hospices d'autrefois, ils sont souvent isolés, victimes de maltraitances, en proie aux troubles du comportement, aux pertes de mémoire et à la dépression, nombreux à se suicider.
Comment en est-on arrivé là ? Peut-on bien vieillir dans une société où ne plus produire et ne plus consommer vous ôte une partie de votre dignité ? Où l'image de la vieillesse provoque le dégoût ou la peur ? Tel est le but et l'invitation de cet essai, de penser la place, réelle et symbolique, que notre société réserve aux vieux et dénoncer les nombreuses idées reçues ayant cours sur la vieillesse.
Editions Bibliophane-Daniel Radford, 348 p., 21 euros.
« Age et Visages »,
de Bruno Allain
Comédien, Bruno Allain est aussi un homme à l'écoute des autres et, en l'occurrence, des personnes âgées. Cet ouvrage est le résultat de rencontres avec les pensionnaires d'une maison de retraite médicalisée à Quincy-sous-Sénart, des gens d'un âge vénérable, puisque certains ont vécu les deux grandes guerres, à la mémoire parfois défaillante, mais dont les tranches de vie reconstituent le siècle passé sous un angle inattendu. C'est émouvant, drôle, riche d'enseignements. M. F.
Editions de l'Amandier,
137 p., 13 euros.
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