Maurice-Pierre Planel

Le hussard du médicament

Publié le 20/12/2016
visuel Planel

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« Je ne m’imagine pas à la tête du CEPS encore dans dix ans », lâche Maurice-Pierre Planel. Mais le jeune étudiant en droit à Nice en 1982, tout juste bachelier ne se rêvait sûrement pas en héraut de la politique du prix du médicament. Héritier d’une famille d’enseignants depuis la plus haute Antiquité ou presque dans le sud-ouest, le futur juriste est construit par cette haute idée de la mission de service public porté par les valeurs de la IIIe république. La figure du Rastignac ambitieux est plutôt un contre-modèle. Si l’on n’est pas prêt à tout pour réussir, faut-il alors jouer aux dés son destin ? On est toujours forcé de donner quelque chose au hasard, comme disait déjà Louis Napoléon Bonaparte. La chance ici se niche, visible dans les pages d’un quotidien qui annonce un avis de concours pour des postes d’administrateur à l’Assemblée nationale et au Sénat. Et comme l’échec signe souvent le début de la réussite, le candidat Planel échoue à l’Assemblée nationale, mais entre brillamment au Sénat. Cette année-là, entre 25 et 26 ans, les planètes se sont alignées. Outre son entrée dans la vie professionnelle, Maurice-Pierre Planel se marie et attend son premier enfant qui a aujourd’hui l’âge de son père à sa naissance. Deux autres enfants âgés de 22 ans et 5 ans suivront. C’est aussi la découverte des paillettes parisiennes. Le spectacle de Maurice Béjart sous la verrière du Grand-Palais pour fêter le bicentenaire de la Révolution ou le concert de Charles Trenet au Chatelet. En plus austère quoique, le DEA de philosophie politique dirigé par Evelyne Pisier à la Sorbonne où défilent toutes les stars médiatiques comme Luc Ferry par exemple. « A Nice, selon notre prof communiste, tendance canal historique, le monde se divisait entre les fascistes et les communistes. A Paris, je découvre l’œuvre d’Hannah Arendt et son analyse du totalitarisme. » Au-delà du choc intellectuel, il faut toutefois assurer l’intendance. Le père de famille n’obtiendra pas in fine son diplôme. Mais creuse le sillon qui le propulsera dans l’économie du médicament. Le premier contact avec l’industrie pharma se noue au moment de la rédaction d’un rapport sur le Vioxx®, l’anti-inflammatoire blockbuster retiré brutalement du marché par MSD. Cette compétence acquise au sein de la Commission des affaires sociales lui ouvre la parte du cabinet de Dominique Bertinotti, alors ministre déléguée à la Famille. Après le hasard qui trace la voie, un aiguilleur bien placé permet d’atterrir dans le bon hub. A ce niveau, on ne recrute plus par petite annonce mais grâce aux réseaux. Bruno Macquart, alors directeur de cabinet de Marisol Touraine, recherche un conseiller technique chargé des produits de santé. Le profil de poste comprend une exigence, celle de ne pas être un professionnel de santé. Bingo. La carrière prend son envol.

Aujourd’hui lorsque l’on est le patron du CEPS, la pression ne s’exerce pas seulement sur les prix. Bon nageur, Maurice-Pierre Planel est prêt à affronter tous les vents contraires. Même ceux de l’alternance politique ?

Gilles Noussenbaum

Source : lequotidiendumedecin.fr