> JAZZ/ROCK
Ray Charles Robinson, né en Géorgie en 1930, aveugle à l'âge de 7 ans à la suite d'un glaucome, puis orphelin à l'adolescence, quasiment mendiant par la suite avant d'atteindre la gloire internationale - bref, le fameux « rêve américain », surtout pour un jeune Noir ! - était avant tout une voix, élevée dans le gospel, et un corps.
Cette voix à la fois rauque et grave, douce et tendre, claire ou voilée, parfois traînante et éraillée, au service de tubes entrés dans la légende du siècle dernier et qui ont fait danser des générations entières de teenagers. De « I Got a Woman » (1954) - qui va le consacrer à la première place des chanteurs africains-américains - à l'énergique « What'd I Say » (1959) - avec cette interminable mais mythique introduction au piano électrique destinée à faire monter la pression avant de se lancer dans la danse - en passant par l'une des plus belles ballades du blues qui est un aussi merveilleux cri d'amour, le fameux « Georgia on my Mind » (1960). Sans oublier des hits pop/rock comme « Hit The Road Jack » (1961), « Hallelujah I Love Her So » (1955) - qui le fit réellement apprécier par le public blanc - ou encore « I Can't Stop Loving You » (1961).
Autant de succès qui ont marqué la musique populaire noire et blanche d'outre-Atlantique et surtout en Europe où sa renommée avait atteint des sommets depuis son premier concert à Paris en 1959 et sa révélation lors de sa première prestation au Festival de jazz d'Antibes/Juan-les-Pins en 1961.
Mais Ray Charles était aussi un corps. Agrippé à son piano - acoustique ou électrique - épaisses lunettes noires sur le nez, un rire fatal illuminant son visage, il se balançait, swingait, ondulait, jetait en arrière sa tête et son buste au gré des rythmes et des chansons, appuyées par son grand orchestre et ses célèbres Raelets, son trio vocal féminin. « Pantin » était le mot le plus souvent employé pour qualifier cette façon d'extérioriser une musique que seul un artiste doté d'un sens spécial pouvait ressentir et exprimer à travers le mouvement.
Si les années 1960 furent les plus belles musicalement pour le chanteur alors à son apogée, elles furent aussi celles de la plongée en enfer, à cause des drogues souvent dures. En 1965, il suit une sévère cure de désintoxication, après avoir été arrêté à plusieurs reprises par la police californienne. Son retour musical se fera alors sous d'autres cieux.
Devenu une authentique star mondiale, il va consacrer le reste de sa carrière à reprendre ses tubes - y compris dans la musique country & western - faisant de lui une idole quasi impérissable. Un aspect qui fera souvent oublier que cette icône de la musique pop noire américaine, vouant une admiration sans borne à Nat King Cole, avait aussi été un vrai bluesman à ses débuts, associé à des figures emblématiques comme Lowell Fulson, T-Bone Walker ou Joe Turner (1950) ainsi qu'à des jazzmen comme David Newman (saxe), Milt Jackson (vibraphone), ex-membre du Modern Jazz Quartet (MJQ), et la chanteuse Betty Carter.
Treize Grammy Awards, 10 000 concerts et des millions de disques vendus après, le « Génie » du r'n'b - qui venait de participer à l'enregistrement d'un album de duos avec notamment Norah Jones, B.B. King et Willie Nelson - a tiré sa dernière révérence.
Ses meilleurs disques
Atlantic : « Hallelujah I Love Her So » (1957), « R.C. At Newport » (1958) ; « What'd I Say/Ray Charles » (1959) ; « Soul Brothers » (1958) & « Soul Meeting » (1962) (en duo avec le vibraphoniste du MJQ, Milt Jackson).
ABC/Impulse ! : « Genius Plus Soul Equal Jazz » (1961).
United Artistes Records : « In The Heat of The Night » (« Dans la chaleur de la nuit ») (1967).
Coffrets thématiques Rhino : « Genius & Soul » (5 CD) - « Birth of Soul » (3 CD) - « The Complete Country & Western Recordings » (4 CD).
Livre : « le Blues dans la peau » (Presses de la Renaissance, 1979) .
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