« Match Point », de Woody Allen

Le hasard fait bien les choses

Publié le 25/10/2005

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ON NE RIT PLUS. « Match Point » est classé dans la catégorie « drame », que Woody Allen, grand admirateur de Bergman, avait déjà abordée. Pour le conter, ce drame, le cinéaste, qui s'est souvent plaint que « le soleil lui empoisonnait l'existence », a choisi l'Angleterre et son climat pour le moins nuancé, ce qui lui permet de s'offrir une scène d'amour torride sous une pluie battante.
Chris est un jeune Irlandais, ancien très bon joueur de tennis, autodidacte qui se nourrit de Dostoïevski et de Strindberg (Woody Allen ne change pas de références). Prof de tennis dans un club huppé de Londres, il rencontre un jeune homme de la bonne (et riche) société et sa sœur. On n'en dira pas plus.
En voix off, Chris nous explique au début la part que joue le hasard dans la vie. Comme dans un match, quand la balle percute le haut du filet et, pendant un quart de seconde, peut tout aussi bien basculer d'un côté ou de l'autre : « Avec un peu de chance, elle atteint sa cible et vous êtes vainqueur. Mais elle peut aussi retomber de votre côté et vous avez alors perdu. » Résumé ainsi, le thème paraît un peu simpliste. Mais on peut faire confiance au scénario de Woody Allen pour, comme le diable, mettre dans les détails toute la subtilité nécessaire.
Le réalisateur dit son admiration pour les acteurs anglais, qui composent effectivement une distribution séduisante. Jonathan Rhys Meyers, qu'il avait aimé (et nous aussi) dans « Joue-là comme Beckham », allie présence et sensibilité. Emily Mortimer est pleine de vivacité. Brian Cox, Matthew Goode, Penelope Wilton leur donnent parfaitement la réplique. Quant à l'Américaine de service, ce ne pouvait être que la très pétillante, très sensuelle et très à la mode Scarlett Johansson (« Ghost World », « Lost in Translation » et bientôt « le Dahlia noir », de Brian De Palma).
On rit encore. Sur les airs d'opéra les plus tragiques et sans besoin de psychanalyse, Woody Allen signe une fable. Et même quand elles sont noires, les fables font sourire.

> RENÉE CARTON