Le Parlement européen a décerné mardi 21 octobre le prix Sakharov « pour la liberté de l’esprit » au gynécologue congolais Denis Mukwege pour son engagement auprès des femmes victimes de viols et de violences sexuelles.
« Depuis 15 ans, je suis témoin d’atrocités de masse commises sur le corps des femmes et contre les femmes et je ne peux pas rester les bras croisés, car notre humanité commune nous invite à prendre soin les uns des autres », a-t-il déclaré en décembre 2013 lorsqu’il a reçu le prix de la Fondation Chirac.
Le Dr Mukwege est né il y a 59 ans à Bukavu, à l’est du « Congo belge » d’alors. Il étudie la médecine au Burundi, puis revient exercer dans sa ville natale, où il découvre les souffrances des femmes qui, faute de soins appropriés, subissent de graves lésions génitales après leur accouchement.
Lauréat d’une bourse, il se rend en France et se spécialise en gynécologie-obstétrique à Angers. De retour à Lemera en 1989, il anime le service gynécologique, jusqu’à ce que la guerre éclate en 1996. L’hôpital est totalement dévasté.
Hôpital de Panzi
En 1999, le Dr Mukwege fonde un hôpital dans le quartier Panzi au sud de Bukavu, pour soigner les femmes victimes des viols et de violences sexuelles, perpétrées par les groupes armés.
« Ma première malade en 1999 avait été violée, puis on lui avait introduit une arme dans l’appareil génital et fait feu. Elle avait tout le bassin détruit. Je pensais que c’était l’œuvre d’un fou, mais la même année, j’ai soigné 45 cas semblables », témoigne-t-il.
Le Dr Mukwege est aujourd’hui directeur de l’hôpital Panzi et chirurgien en chef. Plus de 3 500 victimes sont prises en charge chaque année et bénéficient d’une chirurgie réparatrice.
Pressenti plusieurs fois pour le prix Nobel de la Paix, le Dr Mukwege dénonce en RDC, en Europe, et aux États-Unis le viol qui « utilisé comme une arme de guerre, détruit le tissu social, entraîne une perte d’identité collective, détruit toutes les croyances ».
Les menaces n’entament pas son combat. En octobre 2012, le Dr Mukwege échappe à une attaque d’hommes armés venus chez lui le tuer, grâce au sacrifice d’un domestique. Il émigre avec sa famille en Suède puis en Belgique avant de revenir en janvier 2013 à Bukavu, pour dire « non à la violence sexuelle, non à la guerre ».
En janvier 2014, il lance le mouvement féministe masculin, V-Men Congo, et appelle à une mobilisation générale contre les viols d’enfants et de bébés.
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