LES INDICATEURS semblent au beau fixe pour le groupe pharmaceutique suisse Roche qui annonce une augmentation de 17 % de son chiffre d'affaires au premier trimestre 2005, par rapport à la même période en 2004.
Les dirigeants prévoient une révision à la hausse des objectifs de la division Pharma, dont le taux de croissance (de 22 %) connaît « une hausse trois fois plus importante que celle du marché mondial », tandis que la division Diagnostics a une croissance de 4 %.
Un marché orienté vers l'hôpital.
En France, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 1 091 millions d'euros en 2004.
La division Diagnostics est présente dans les domaines de l'analyse médicale (biologie moléculaire, chimie/immunologie, hématologie), de la recherche et du monitoring du diabète. Pour 2005, Bertrand Le Bert, responsable de ce secteur, annonce le lancement d'un système informatique d'intégration des données de glycémie et d'insulinothérapie pour chaque patient, permettant le suivi du traitement.
Dans le domaine des maladies cardio-vasculaires, la division compte commercialiser un nouveau marqueur de l'insuffisance cardiaque et obtenir un élargissement d'indication pour la Troponine T chez les patients dialysés. Enfin, des nouveautés sont également attendues dans l'ostéoporose (marqueurs de suivi de traitement) et dans les cancers (développement en cours d'une puce à ADN pour le diagnostic de la leucémie).
De son côté, la division Pharma réalise de belles performances grâce à ses plus récents produits en cancérologie, en anémie, en virologie, a souligné Henry-Vincent Charbonné, son président. Ce dernier a rappelé que, en 2004, plus de 50 % des ventes de Roche en France étaient constituées par des produits de biotechnologie (érythropoïétine, interféron, anticorps monoclonaux). « Quand on parle de crise de la productivité, de la recherche, très clairement, ça ne touche pas Roche », a-t-il ajouté, confirmant que la firme allait miser de plus en plus sur l'innovation.
La division a été affectée par la réforme hospitalière et par la signature de l'accord-cadre entre le Leem (Les Entreprises du médicament) et le Comité économique des produits de santé (Ceps), réformant le système de prix des médicaments à l'hôpital. En effet, a rappelé Henry-Vincent Charbonné, « environ la majorité des ventes de Roche sont dues à une prescription d'origine hospitalière ». Enfin, le président de division pharmaceutique de Roche France a signalé le bond des ventes de Tamiflu (antiviral), du fait de la signature en 2004 d'un contrat avec l'Etat pour la fourniture de 13 millions de traitements en prévention d'une éventuelle épidémie de grippe.
Maintenir une masse critique.
Franz B. Humer, président international du Groupe Roche, s'est félicité, quant à lui, de la stratégie actuelle de Roche . « Pour nous, dit-il, ce serait une erreur de réaliser une acquisition majeure ou une fusion ; il ne faut pas dépasser notre masse critique. » Contrairement à la politique menée par d'autres industriels du secteur, il a affirmé sa volonté de « se focaliser sur la gestion du risque » et « ne pas essayer de le diluer dans des activités comme les génériques », estimant qu'il ne fallait pas « éparpiller ses ressources ».
Cependant, considérant son domaine comme « une industrie à haut risque », Franz B. Humer a émis de vives critiques sur les politiques européennes du médicament et a demandé « une protection forte des brevets, un accès rapide à l'innovation et un environnement de prix raisonnable et stable ». Ces réserves ne l'ont pas empêché de pronostiquer une marge d'exploitation « de 23 % environ en 2006 », notamment grâce à quelques produits phares, comme le Boniva (comprimé mensuel contre l'ostéoporose) ou l'Avastatin, dont le lancement est prévu en 2005 en Europe dans l'indication du cancer du côlon métastasé. Enfin, le groupe a des ambitions en Chine, où il se félicite d'être déjà « le second laboratoire pharmaceutique étranger », mais il n'oublie pas pour autant l'Inde et la Russie.
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