LE CONGRES du Collège international de neuropsychopharmacologie, la plus importante société dans ce domaine, est un rendez-vous bisannuel des psychiatres, cliniciens et scientifiques, impliqués dans la recherche et la prise en charge des maladies mentales. Toutefois, l'ensemble des thèmes abordés concerne tous les praticiens, notamment les généralistes, qui sont souvent en première ligne dans le diagnostic et le traitement de ces pathologies.
Impossible de passer en revue le programme qui comporte 74 symposiums et synthèses. Sans établir de hiérarchie dans les thèmes, citons néanmoins les avancées marquantes dans deux pathologies fréquentes, la schizophrénie et les troubles bipolaires.
En effet, on estime que 1 % de la population mondiale souffre de schizophrénie - à un degré variable -, une fréquence identique à celle des troubles bipolaires.
L'impasse génétique dans la schizophrénie.
Dans le domaine de la schizophrénie, plusieurs aspects seront mis en avant lors du congrès. Tout d'abord, ce que les experts décrivent aujourd'hui comme une « impasse génétique » : il est maintenant bien établi qu'il n'existe pas « un » gène de la schizophrénie, mais une combinaison d'éléments innés et acquis qui aboutit, chez certaines personnes vulnérables, à une décompensation, c'est-à-dire au franchissement de la barrière psychotique ; la vulnérabilité devient alors une maladie.
L'une des questions posées aux experts est celle du meilleur moment pour mettre en route un traitement. En effet, les progrès accomplis, d'une part, dans l'imagerie et, d'autre part, dans l'évaluation des fonctions cognitives, permettent de dépister des anomalies infracliniques qui pourraient permettre un diagnostic précoce. C'est surtout chez des sujets ayant des antécédents familiaux de psychose que des signes d'appel, parfois jugés relativement banals, doivent être repérés afin qu'ils soient adressés à un psychiatre pour un bilan plus approfondi. Ainsi, 90 % des sujets qui développent des troubles psychotiques ont présenté des manifestations anxieuses ou dépressives au cours des cinq ans précédents. Les tests cognitifs et l'imagerie cérébrale fonctionnelle permettent alors de définir des caractéristiques endophénotypiques qui présagent d'une possible évolution vers une transition psychotique. Des travaux sont en cours pour savoir si la mise en route d'un traitement antipsychotique à ce stade permet d'éviter l'évolution vers la schizophrénie.
Améliorer le dépistage.
Les troubles bipolaires feront également l'objet de nombreuses communications, tant sur la recherche de nouvelles pistes physiopathologiques que sur la place des différentes thérapeutiques autres que le sel de lithium. L'enjeu de l'amélioration du dépistage et de la prise en charge de ces malades est important, car on sait que le taux de suicide chez les sujets non traités atteint 15%, alors le risque de décès par suicide rejoint le taux observé dans la population générale chez les malades traités.
Bien d'autres thèmes de recherche seront abordés au cours de ces cinq jours, notamment l'intérêt des récepteurs alpha-adrénergiques pour le traitement de la dépression et de la schizophrénie, la dégénérescence neuronale dans le stress et les troubles anxieux, la susceptibilité génétique et les phénotypes intermédiaires des troubles impulsifs et addictifs ou encore le syndrome d'hyperactivité avec déficit de l'attention chez l'adulte.
Enfin, cette réunion sera l'occasion de fêter le cinquantième anniversaire de la découverte de Largactil (chlorpromazine), première thérapeutique psychopharmacologique, à l'hôpital Sainte-Anne, à Paris.
Conférence de presse des Prs Jean-Pierre Olié et Philippe Robert et des Drs Frank Baylé et Salomon Langer, responsables du comité d'organisation.
* Palais des Congrès, Paris.
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