Après les années Aubry et Guigou, les députés vont pouvoir juger sur pièces le discours et la méthode Mattei.
A partir d'aujourd'hui, 10 heures, et jusqu'à jeudi, le Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2003, mastodonte financier qui engage 329,7 milliards d'euros (bien plus que le budget de l'Etat), et dont les principales mesures sont connues depuis un mois (voir ci-dessous), est discuté à l'Assemblée nationale en séance publique. Pour Jean-François Mattei, dont le large portefeuille inclut la Santé et la Sécurité sociale, il s'agit d'une semaine décisive, où il doit convaincre et imprimer sa marque pour la législature.
Il y a quelques jours, sur France 2, le ministre qui n'oublie jamais sa formation de pédiatre et de généticien, s'est montré volontiers pédagogue mais surtout prudent et modeste. Même si le budget de la Sécu qu'il défend pose les jalons de la réforme, c'est, a-t-il répété, un texte de « transition » qui, dans une contexte économique morose, tente un pari risqué : celui de la confiance envers la médecine de ville et de la responsabilisation des patients, y compris au moyen du porte-monnaie (mise en place du forfait-générique, mesures de déremboursement, débat sur le panier de soins).
A l'aube de ce grand oral, Jean-François Mattei a deux atouts maîtres : d'une part, un parcours presque sans faute depuis six mois, de l'avis même du corps médical ( « je veux tourner une page pleine de fureur et de bruit », avait résumé le ministre de la Santé à Ramatuelle lors de l'université d'été de la CSMF) ; d'autre part, une compétence incontestable sur les dossiers qu'il défend.
Mais l'explication publique dans l'hémicycle reste un exercice délicat et Jean-François le dit lui-même : il n'est pas un magicien. Les députés UMP, de leur côté, n'ont pas l'intention de jouer les béni-oui-oui. Ils l'ont déjà montré lors de la discussion budgétaire. L'UDF, qui a déposé des dizaines d'amendements, entend également être active sur ce dossier. Le débat sur les chapitres du plan médicament, qui trouble toujours l'industrie pharmaceutique, pourrait ainsi révéler des surprises. En outre,l'examen du PLFSS en commission des affaires sociales a montré la volonté des députés de contrôler davantage les dépenses sociales et, dans certains cas, de durcir le texte gouvernemental, par exemple sur la fiscalité du tabac.
Dans l'opposition enfin, l'angle d'attaque est décidé. On alertera l'opinion publique du risque de « dérive libérale » et de « médecine à deux vitesses » que contient un texte qui, selon Jean-Marie Le Guen, député (PS) de Paris, chargé des questions de santé au sein du groupe socialiste, met « tout le poids de la maîtrise sur le dos des patients ». Mais, après l'échec de la maîtrise dite comptable, Jean-François Mattei a une réponse toute trouvée : la situation dégradée dont il a « hérité » (3,3 milliards d'euros de déficit estimé en 2002 pour le régime général) exige de nouveaux choix, même s'ils sont douloureux.
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