L’usage de la pompe intrapéritonéale (IP) concerne peu de patients dans la mesure où les indications sont très rares et le coût est très élevé – au quotidien 2 à 3 fois celui d’un traitement par pompe sous-cutanée (SC). La mise sous pompe IP permet d’améliorer notablement l’équilibre glycémique, de le maintenir dans le temps et d’améliorer la qualité de vie, chez ces patients pour qui ces paramètres sont très mauvais avant le passage sous pompe IP. Mais dans la littérature, très peu d’études concernent la pompe IP, le nombre de patients inclus y est habituellement faible et les durées d’observation courtes, sans groupes contrôles.
Henk Bilo (Pays-Bas) a présenté une étude observationnelle concernant l’usage des pompes IP (70 patients dans ce pays) versus pompe SC et multi-injections chez les sujets DT1 (1). Il s’agit d’une étude prospective de non-infériorité sur 26 semaines, avec 40 patients sous pompe IP. Ceux-ci ont été comparés à 150 patients traités par voie SC (la moitié sous pompe, l’autre sous multi-injections), avec appariement sur l’âge et le sexe.
Les patients étaient depuis plus de 4 ans sous leur traitement actuel. Les patients sous pompe IP différaient par une fréquence plus élevée de complications microvasculaires : 64 % vs 23 % ; p ‹ 0,05. Lors des enregistrements en continu de la glycémie, le temps passé en hyperglycémie était plus important dans le groupe IP : 46 % vs 39 % ; p ‹ 0,05. Il y avait une tendance non significative pour un temps passé en hypoglycémie moins important sous pompe IP. La conclusion globale a été que la pompe IP n’est pas inférieure au traitement SC en ce qui concerne l’HbA1c.
Nuit à domicile
Concernant la boucle fermée, Hood Thabit (Royaume-Uni) a rapporté une étude en crossover sur l’efficacité et la sécurité, chez des adultes et adolescents DT1, de 3 semaines de boucle fermée nocturne à domicile, versus une mesure en continu du glucose (MCG) sans boucle fermée (2). Le système a significativement augmenté le temps passé dans la zone cible de glycémies et diminué la moyenne glycémique nocturne. Le temps passé en hypoglycémie (‹ 70 mg/dl) a été réduit d’un tiers, alors même que le taux initial d’hypoglycémies était faible. Cependant, des problèmes persistants de connectivité entre les différents appareils (capteur, pompe et tablette contenant le logiciel) ont limité l’utilisation de la boucle fermée en vie réelle.
MCG et fonction endothéliale
Afin de voir si le rôle éducatif de la MCG permet de réduire la variabilité glycémique et d’améliorer ainsi la fonction endothéliale, Barbara Glowinska-Olszewska (Pologne) a présenté une étude sur 40 adolescents DT1 de 11 à 18 ans (3). 19 garçons, 21 filles, d’âge moyen 14,6 ans, HbA1c moyenne de 9,35 % (extrêmes 7-12 %) étaient tous sous pompe mais sans expérience de la MCG. La fonction endothéliale a été mesurée par méthode échographique non invasive : estimation de la relaxation artérielle lors d’une augmentation du débit sanguin (FMD pour flow mediated dilatation).
À 3 mois, l’HbA1c a baissé chez 68 % des jeunes participants, pour qui la fonction endothéliale s’est améliorée significativement. En revanche, cela n’a pas été le cas dans le groupe des 32 % d’adolescents pour qui l’HbA1c n’a pas diminué. De façon surprenante, ce sont les patients initialement bien équilibrés (HbA1c ‹ 7,5 %) et chez qui la variabilité glycémique s’est finalement peu modifiée, qui ont eu la plus franche amélioration de leur fonction endothéliale.
Néphropathie
Dans la même thématique, Roberto Trevisan (Italie) a regardé les effets de la pompe SC sur la microalbuminurie de patients DT1 dans une étude multicentrique, prospective cas-contrôles sur 3 ans (4). 26 patients DT1 ayant une microalbuminurie (≥ 20 µg/min) traités par pompe SC ont été appariés pour l’âge, la durée du diabète, l’IMC, l’HbA1c et l’excrétion urinaire d’albumine (EUA) à 26 autres traités par multi-injections. Les patients étaient sous blocage maximal du système rénine-angiotensine depuis au moins 2 mois au moment de l’inclusion.
L’EUA, mesurée tous les 6 mois, a baissé dans les deux groupes mais, après 1 an, la baisse était significativement plus importante dans le groupe pompe. La filtration glomérulaire estimée a diminué de 3,08 versus 5,7 ml/min/an respectivement dans les groupes pompe et multi-injections (p ‹ 0,05).
Dans le même temps, l’HbA1c et la glycémie moyenne (cycles d’autosurveillance glycémique en 7 points et MCG tous les 6 mois) étaient identiques dans les deux groupes. Il n’y avait pas non plus de différence concernant la variabilité glycémique, la tension artérielle moyenne et la variabilité tensionnelle sur 24 heures, l’IMC ou le profil lipidique.
La seule différence entres les deux groupes était la dose d’insuline quotidienne, significativement plus élevée dans le groupe multi-injections. Cette différence n’étant pas due au basal mais aux bolus : cette dose était abaissée de 40 % sous pompe versus les multi-injections. Cette meilleure sensibilité à l’insuline sous pompe pourrait, pour les auteurs, être à l’origine d’un meilleur pronostic rénal.
(1) Bilo J. G. H. et al. OP 193. Continuous intraperitoneal insulin infusion versus subcutaneous insulin for type 1 diabetes : a prospective, case-control trial proving non-inferiority
(2) Thabit H et al. OP 194. Three to four weeks of overnight closed loop insulin delivery during free living : analysis of randomised crossover studies in adults and adolescents with type 1 diabetes
(3) Glowinska-Olszewska B et al. OP 195. Impact of real-time continuous glucose monitoring system usage on endothelial function in adolescents with type 1 diabetes
(4) Trevisan R et al. OP 197. The long term effect of continuous subcutaneous insulin infusion on renal function in type 1 diabetic patients with microalbuminuria
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