CLASSIQUE
Par Olivier Brunel
S I l'on peut voir se produire régulièrement en France, à Paris surtout, des compagnies telles que DV8 Physical Theater de Lloyd Newson ou celle de Mark Baldwin, nombreux sont les chorégraphes britanniques, a fortiori irlandais, dont le travail reste inconnu chez nous. C'est d'autant plus dommage que l'éclectisme de la danse moderne dans ces pays résultant du caractère pluriethnique de leurs villes, est un creuset qu'enrichit le métissage des peuples. Uzès a choisi cette année de faire venir Russell Maliphant, un formidable virtuose des corps, Wayne Mc Gregor, Akram Khan, Michel Keegan-Dolan, autant de personnalités du paysage de la danse contemporaine outre-Manche.
C'est cependant à la Française Karine Saporta qu'est revenu l'honneur d'ouvrir cette manifestation, avec une création réalisée en plein air, dans un jardin, « (Un autre) petit rêve en rouge », pièce composée pour deux danseurs en hommage au peintre Kandinsky dont la chorégraphe admire beaucoup la démarche esthétique. Pour cela et avec l'aide de la scénographe Dominique Tissier, elle a investi l'Enclos de la Source, un merveilleux jardin en terrasse sur la vallée de l'Eure, admirable décor rehaussé de rouge couleur du sang et dominante du spectacle, tranchant avec le vert de la nature. Faisant se déplacer quatre fois les spectateurs installés sur des tabourets pliants, elle profite de ces translocations pour jouer tel un cinéaste avec l'espace et les perspectives, pour raconter une histoire érotique nourrie de tout l'habituel équipage fantasmatique tournant autour de la mort, la putréfaction, le vampirisme.
Une jeune femme danse inconsciente d'un danger en ce jardin. En blouse blanche et gants de caoutchouc rouges un jardinier la guette, la poursuit et finit par lui faire subir d'étranges traitements. L'accessoire fait appel à radiographies, seringues et liquide rouge, l'auditif au « Stabat Mater », de Vivaldi, élément sacré entrelardé d'extraits musicaux de Pascal Dusapin, riches en bruitages incongrus.
Le résultat convainc, ainsi que le travail des deux jeunes interprètes, Emmanuel Huybrechts et Rodolphe Fouillot, tentant de compenser par leur physique avantageux et une gestuelle originale le manque d'assurance que le passage à un sol peu stable confère à leur danse. Une belle expérience à laquelle la chorégraphe entend bien donner un jour des prolongements.
Le Festival de la nouvelle danse investit tous les lieux possibles d'Uzès mais surtout son admirable archevêché. Si Russell Maliphant n'a pas eu de chance avec la météorologie, l'Indien Akram Khan a pu montrer dans les jardins de ce monument deux étonnants solos abstraits : « Fix », nourri de soufisme et du travail des derviches tourneurs et « Loose in Flight », pièce d'une grande énergie, symbiose de danse contemporaine et de kathak, fusion d'un travail corporel très singulier avec la musique indienne et de savants éclairages.
Festival de la nouvelle danse à Uzès : tél. 04.66.22.51.51.
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