DANS UN RESTAURANT, un homme s'écroule sur sa chaise, victime à l'évidence d'un infarctus. Devant sa compagne qui reste à table, l'air impavide, il parvient à se réanimer lui-même après un massage cardiaque (!) et finit par se rasseoir afin de poursuivre tranquillement son repas. Ce petit film au scénario de pure science-fiction se termine par le message suivant en surimpression : « Si c'était aussi simple, l'hôpital ne recruterait pas. L'hôpital, c'est 200 000 postes à pourvoir dans les cinq ans à venir. »
Ce spot est diffusé à la télévision à partir d'aujourd'hui et jusqu'au 6 mars, en alternance avec un autre spot télévisé illustrant une fracture de la jambe miraculeusement réduite à domicile en un éclair. Les deux spots télévisés s'inscrivent dans le cadre de la campagne nationale d'information et de promotion des métiers hospitaliers (« le Quotidien » du 19 février), pour laquelle Roselyne Bachelot a « choisi une tonalité drôle, ludique, un peu décalée, diront certains ». Lors d'une conférence de presse, la ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports a précisé qu'elle voulait attirer vers le milieu hospitalier prioritairement les « jeunes de 15 à 20 ans », de tous profils.
Compenser de massifs départs à la retraite
L'enjeu est de taille, puisqu'il s'agit de faire face aux nouveaux besoins de la population et de compenser les départs massifs à la retraite attendus à l'horizon 2015 dans la fonction publique hospitalière, qui concerneront un agent sur deux.
La campagne de communication sera relayée par un site Internet spécial (1), où les jeunes trouveront des fiches métiers ainsi qu'un espace ludique (cartes postales virtuelles à personnaliser...). Ils pourront aussi y découvrir deux autres films de 5 minutes qui les mettront en situation concrète grâce à des images tournées avec des soignants à l'Hôtel-Dieu de Paris et dans plusieurs hôpitaux situés au sud de la capitale (Ivry-sur-Seine, Créteil, Evry). Ce site réorientera les candidats potentiels vers le portail ministériel des métiers de la santé et du social (2).
A travers cette campagne, Roselyne Bachelot espère tordre le cou à certaines idées reçues (tous les métiers ne nécessitent pas forcément de longues études) et valoriser « les cursus et trajectoires extrêmement variés » rendus possibles à l'hôpital.
Les professions recherchées ont d'autant plus de débouchés qu'elles « se déploient pour certaines dans le secteur médico-social », a indiqué la ministre. Or, a-t-elle ajouté, « la réforme des agences régionales de santé à périmètre large qu'on veut mettre en place donnera encore plus de fluidité, de plasticité, à ces métiers de l'hôpital ».
(1) www.lhopitalabesoindevous.fr.
(2) www.metiers.santesolidarites.gouv.fr et Info Métiers au 0825 042 042 (0,15 euro/min).
Des bataillons d'infirmières et d'aides-soignantes manquent à l'appel
Sur les quelque 200 000 postes à pourvoir dans les établissements de santé d'ici à 2013, 18 000 seront offerts aux médecins, pharmaciens, chirurgiens-dentistes et sages-femmes dans la fonction publique hospitalière. S'y ajoutent 140 000 autres emplois à l'hôpital, ainsi que 50 000 postes ouverts dans les cliniques et les établissements privés participant au service public hospitalier (PSPH).
Parmi les 150 métiers hospitaliers, ceux de la filière soignante et médicale seront en première ligne de la campagne de recrutement. Les établissements auront notamment besoin de «gros bataillons d'infirmières et d'aides-soignantes», selon Annie Podeur, directrice de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (DHOS). Selon le ministère, 94 000 infirmier(e)s vont prendre leur retraite d'ici à 2015, sans compter 2 000 infirmier(e)s de bloc opératoire (IBODE), 3 000 infirmier(e)s anesthésistes (IADE) et 3 000 infirmières puéricultrices. Rien qu'à l'hôpital, environ 100 000 aides-soignant(e)s devraient faire de même dans les années qui viennent.
Dans la filière médico-technique, ce sont les manipulateurs en électroradiologie médicale qui manqueront à l'appel, rendant nécessaire l'embauche de 500 manipulateurs à l'hôpital et «au moins le double pour l'ensemble du secteur de la santé».
En outre, les établissements devront engager «environ 1000» secrétaires médicaux par an dans la filière administrative. > A. B.
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