Le gouvernement lance un programme de prévention et d'organisation des soins pour les personnes âgées fragiles, c'est-à-dire celles qui présentent un risque de décompensation.
Ce programme a été présenté par le ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner, et la secrétaire d'Etat aux Personnes âgées, Paulette Guinchard-Kunstler, comme une « suite logique » de la mise en place de l'aide personnalisée d'autonomie (APA, pour les personnes âgées dépendantes) et du programme d'action pour les personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer.
Un des axes du programme consiste à adapter l'organisation des soins aux besoins spécifiques des personnes âgées fragiles. « Le médecin généraliste a trop peu la possibilité de s'appuyer sur des structures d'évaluation gériatrique ou sur des services d'hospitalisation compétents en gériatrie », constate, en effet, Bernard Kouchner. Il ajoute que « trop d'hospitalisations de personnes âgées se font en catastrophe ». « Dans l'ensemble de la communauté médicale, la culture gériatrique est à construire et à développer », renchérit Paulette Guinchard-Kunstler.
Sur les 207 établissements disposant d'un service d'accueil des urgences, seulement 50 ont un service de court séjour gériatrique, selon le ministre délégué.
C'est pourquoi une nouvelle circulaire datée du 18 mars 2002 vise à améliorer la filière de soins gériatriques. S'inscrivant dans « une logique de travail en réseau », cette circulaire met l'accent sur le renforcement de l'accès à des soins de proximité (médecin généraliste, consultations et pôles d'évaluation gériatriques, hôpital local), le développement des courts séjours gériatriques et des filières d'admission courtes, ainsi que l'organisation de l'aval de l'hospitalisation de courte durée (retour au domicile, soins de suite et de réadaptation, hospitalisation à domicile). En 2002, 8,23 millions d'euros devraient être investis dans la création et le développement des services de court séjour gériatriques.
Le ministère de la Santé souhaite aussi « affirmer la place de la gériatrie dans le cadre de l'organisation des soins », à travers les prochains schémas régionaux d'organisation sanitaire de troisième génération (publiés en 2004) et les projets des établissements de santé.
Mieux former à la gériatrie
Le deuxième axe du programme consiste à renforcer la formation à l'exercice médical de la gériatrie. Alors qu'un amendement de la récente loi de modernisation sociale prévoyait la création d'une spécialité médicale en gériatrie, Bernard Kouchner propose qu'à partir de 2008 les futurs généralistes s'inscrivent au diplôme spécialisé d'études complémentaires (DESC) de gériatrie. A plus court terme, des instructions seront données aux DRASS pour favoriser les stages de résidanat et d'internat au sein des services de médecine gériatrique. Dès 2002, la création de huit nouveaux postes de chefs de clinique assistant devrait, selon Bernard Kouchner, « renforcer la dimension universitaire de la gériatrie ». La direction générale de la Santé (DGS) doit aussi engager une réflexion avec le ministère de l'Education nationale et les professionnels sur le cursus de formation et les modalités d'exercice des gériatres.
Enfin, le troisième axe du programme d'action est la prévention des quatres facteurs de risque les plus importants (en termes de fréquence et d'impact sur la qualité de vie) pour les personnes âgées fragiles. Il s'agit des chutes, de la dénutrition, de la polymédication et de l'incontinence urinaire, laquelle n'est souvent prise en charge que cinq à sept ans après l'apparition des premiers symptômes. Outre la campagne de prévention des chutes menée par l'assurance-maladie et le Comité français d'éducation pour la santé (CFES), les mesures envisagées incluent la réalisation d'un guide alimentaire pour les personnes âgées, la réactualisation d'un guide d'aide à la prescription à l'usage des professionnels de santé, ainsi que la création de postes d'infirmière de prévention au sein de chaque service de court séjour gériatrique.
Des mesures sur l'Alzheimer et les établissements pour personnes âgées
La circulaire liée au programme d'action pour les personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer (annoncé en octobre 2001) est, selon Bernard Kouchner, « en cours de signature » et devrait être publiée ces jours-ci au bulletin officiel. Cette circulaire comporte en particulier un cahier des charges applicable aux consultations mémoire et aux centres mémoire de ressource et de recherche, auxquels le gouvernement consacre environ 6 millions d'euros.
Par ailleurs, la secrétaire d'Etat aux personnes âgées, Paulette Guinchard-Kunstler, a indiqué que la circulaire budgétaire destinée aux maisons de retraite « va bientôt partir et sera à la hauteur de ce qui était prévu ». Cette circulaire est liée à la réforme de la tarification des établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes (EHPAD), pour lesquels le gouvernement a prévu un plan de 1 milliard d'euros sur cinq ans.
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