LA MÉTHODE n'est pas sans rappeler celle employée il y a maintenant près de dix ans par Gilles Johanet, l'un des prédécesseurs de Frédéric Van Roeckeghem à la tête de l'assurance-maladie, et qui, en 1999, avait proposé un plan d'économies qui avait vite fait « pschitt ». Certains se souviennent encore de la déconvenue de l'auteur de ce projet après que la ministre de l'époque, Martine Aubry, lui avait gentiment conseillé de s'occuper de ses affaires et de ne pas se mêler de politique.
Mais la comparaison a ses limites, puisque la réforme de l'assurance-maladie de 2004 donne mission à l'Union des caisses d'assurance-maladie (UNCAM) de soumettre au gouvernement ses propositions, en prévision du projet de loi annuel de financement de la Sécurité sociale, qui est discuté chaque automne par le Parlement. Dès lors, il serait malvenu de reprocher au directeur de l'UNCAM son initiative et ses propositions d'économies, d'autant qu'il y a quelques jours encore le ministre du Budget, lors de la présentation semestrielle des comptes de la Sécurité sociale, avait clairement évoqué l'idée d'un nouveau plan pour parvenir à l'équilibre des comptes à la fin 2011. Il n'empêche. Éric Woerth, en charge au sein du gouvenement du Budget, mais aussi des Comptes publics, n'a pas tardé à prendre ses distances avec les propositions de l'assurance-maladie. Roselyne Bachelot, elle, a affirmé qu'elle trancherait à la mi-juillet. Il est vrai que toucher au dispositif des affections de longue durée (ALD), même si la réforme proposée par l'assurance-maladie ne devrait s'appliquer qu'aux nouvelles demandes, risque bien d'être pour le gouvernement une nouvelle cause d'impopularité et de contestations, alors même qu'il cherche à éteindre d'autres brûlots. La réaction quasi unanime des syndicats de salariés fustigeant précisément cette proposition de l'assurance-maladie montre bien que l'affaire est d'importance (voir aussi page 4). D'où la rapide riposte du ministre, réaffirmant qu'il n'y avait «aucune remise en cause du remboursement à 100% des affections de longue durée». On remarque toutefois qu'Éric Woerth n'a pas pris formellement position sur la question et n'a fermé aucune porte. Il s'est contenté de dire que les propositions de l'assurance-maladie n'étaient en aucun cas un plan et qu'elles seraient examinées dans les prochaines semaines. En attendant, Frédéric van Roeckgehem les présentera aujourd'hui à son conseil de l'UNCAM. Mais le gouvernement ne pourra longtemps se contenter de ce simple commentaire. Il ne pourra faire l'économie d'une réflexion approfondie sur le coût des ALD qui progressera très sensiblement au cours des prochaines années. Déjà, des équipes, tant au ministère de la Santé qu'au ministère des Finances ou au ministère du Budget et des Comptes publics, planchent sur des scénarios qui ont au moins un point commun : comment limiter les dépenses et l'inflation des coûts, concernant particulièrement les ALD ? Car l'heure est bien aux économies. À cet égard, les propositions de l'assurance-maladie qui ont pour objectif d'opérer «un redressement de 3,2milliards d'euros» en 2009 pour ramener le déficit de la branche maladie à 2,8 milliards l'année prochaine (et 1,4 milliard en 2010, avant d'atteindre l'équilibre en 2011) avec un ONDAM à 3,4 % ne devraient pas trop déplaire au gouvernement. Bien au contraire. Reste à les mettre en oeuvre. Beaucoup l'attendent au tournant.
> JACQUES DEGAIN
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