Le gouvernement ne « souhaite pas » le départ du Medef de la Sécurité sociale

Publié le 17/06/2001
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C' EST aujourd'hui, lors de la réunion de son conseil exécutif, que le Medef pourrait prendre la « décision historique » et « d'une grande gravité » de quitter la Sécurité sociale, selon les propres termes de Denis Kessler, vice-président délégué de l'organisation patronale.

Si cette menace brandie par le patronat depuis 1999, mais qui n'a jamais aussi fermement formulée, se concrétisait, le Medef ne présenterait pas en juillet de candidats pour occuper les postes d'administrateurs qui lui sont réservés dans les conseils des caisses, renouvelés en septembre.
Cette décision de rupture serait lourde de conséquences, surtout sur le plan symbolique, après 55 ans d'implication du patronat dans la gestion de la Sécu et elle remettrait inévitablement en cause la majorité de gestion actuelle de la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) et sans doute la présidence de cette caisse par la CFDT.

Quorums atteints sans le Medef

Après les propos très virulents de Denis Kessler la semaine dernière et ceux, de Denis Gautier-Sauvagnac, membre du conseil exécutif du Medef ( « on ne reste pas administrateur de ce qu'on n'administre pas »), le gouvernement semble, cette fois, se préparer au départ du Medef.
« On ne souhaite pas que cette hypothèse se réalise, commente-t-on dans l'entourage d'Elisabeth Guigou. Nous espérons que chaque organisation désignera ses représentants. Mais le Medef s'est déjà retiré de l'UCANSS [Union des caisses nationales de Sécurité sociale] et le monde ne s'est pas arrêté de tourner pour autant. »
Le ministère de l'Emploi et de la Solidarité souligne que, même en cas de départ du Medef, « les quorums sont atteints » dans tous les conseils d'administration et que, dans ces conditions, « ils peuvent continuer à fonctionner ».
En tout état de cause, le gouvernement n'envisage pas, pour l'instant, de modifier la date de renouvellement des administrateurs.
La décision du Medef intervient, qui plus est, à la veille de l'ouverture du chantier consacré à l'assurance-maladie dans le cadre de la refondation sociale engagée par le patronat et les syndicats de salariés. En cas de départ de la Sécurité sociale, le Medef pourrait toutefois maintenir ces discussions sur l'assurance-maladie avec les confédérations de salariés afin de prendre date pour l'avenir et de ne pas rester totalement absent du débat. La politique de la chaise vide a parfois ses limites.

Cyrille DUPUIS

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6938