APRÈS L'AVIS du comité d'alerte qui, le 29 mai dernier, attirait l'attention sur l'emballement des dépenses d'assurance-maladie, Roselyne Bachelot et Eric Woerth, respectivement ministres de la Santé, et des Comptes publics, avaient rendu public un plan d'économies qui prévoyait notamment des baisses de prix ciblées sur certaines classes de médicament, pour des économies annuelles estimées à 160 millions d'euros. A l'époque, aucune information n'avait été donnée, ni par le ministère ni par le comité économique des produits de santé (Ceps, qui fixe notamment le prix des médicaments), sur le type de molécules visées ou sur leur nombre.
Des spécialités sorties de la réserve hospitalière.
Aujourd'hui, le dossier semble avoir sensiblement avancé. Au Ceps, le président Noël Renaudin confie au « Quotidien » que «les négociations sur les baisses de prix ont été enclenchées». Une convention lie en effet les laboratoires pharmaceutiques au Ceps, et c'est donc par voie de négociations conventionnelles que se décide ce type de baisse de prix. Noël Renaudin ajoute que «la plupart des baisses de prix proposées aux industriels concernés sont acceptées ou en passe de l'être». Les premières baisses devraient intervenir dès la mi-octobre, et s'étaler jusqu'à la fin de l'année pour les dernières. Toujours selon le président du Ceps, «une vingtaine de molécules seraient visées par ces baisses de prix, et la molécule qui va le plus contribuer à ces baisses de prix est l'EPO» (érythropoïétine). L'EPO existe en France sous trois formes : l'Aranesp (Amgen), l'Eprex (Janssen-Cilag), et le Neorecormon (Roche). Noël Renaudin confirme d'ailleurs que ces médicaments sont tous les trois visés par la baisse de prix.
Jusqu'en mai 2005, ces trois médicaments faisaient partie de la réserve hospitalière. Aujourd'hui, ils en sont sortis.
Et les statistiques de l'assurance-maladie montrent que, effectivement, ils représentent des niveaux de remboursement importants. L'Aranesp constitue en effet le cinquième poste de dépenses de remboursement de l'assurance-maladie, avec 135 millions d'euros remboursés en 2006. Le Neorecormon arrive en 19e position avec 87,3 millions d'euros remboursés, quant à l'Eprex, il arrive en 44e position avec 55,7 millions d'euros remboursés en 2006. Certes, il ne s'agit là que de trois molécules parmi la «vingtaine» évoquée par Noël Renaudin, mais les niveaux de remboursement montrent clairement la volonté des pouvoirs publics de réduire les dépenses liées à ces spécialités.
Quant au volume des baisses négociées, le Ceps n'en dit rien. Tout au plus peut-on se rappeler que la sortie de ces trois médicaments de la réserve hospitalière en 2005 s'était accompagnée d'une baisse de leur prix de l'ordre de 20 %.
Selon Noël Renaudin, ce sont environ 100 millions d'euros que devraient permettre d'économiser ces baisses de prix, non sur les seuls EPO, mais sur l'ensemble des molécules visées par les baisses. Le plan d'économies mis au point par Roselyne Bachelot et Eric Woerth prévoyait 160 millions d'euros d'économies annuelles, et les 60 millions manquants seront fournis par la dernière vague de TFR rendue publique fin juillet.
Lors de l'annonce début juillet de ce plan d'économies, le Leem (Les Entreprises du médicament) était monté au créneau pour dénoncer «le côté classique et conservateur de ces mesures comptables». Aujourd'hui, cette organisation ne souhaite pas réagir. Quant au ministère de la Santé, il s'est refusé, lui aussi, à tout commentaire.
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