En lançant hier une vaste campagne d'information à destination du grand public, le ministre de la Santé, Jean-François Mattei, en partenariat avec la Mutualité française, l'assurance-maladie et l'Ordre des pharmaciens, a apporté sa pierre à la jeune histoire du développement français des médicaments génériques.
Rappel rapide : en 1997, le répertoire initial des groupes génériques est créé ; au printemps 1999, les pharmaciens obtiennent le droit de substitution ; en juin 2002, en échange du C à 20 euros, les médecins généralistes s'engagent à effectuer 25 % de leurs prescriptions en dénomination commune (DC), dont la moitié en génériques. Est lancée enfin, le 13 janvier 2003, l'opération « Les médicaments génériques, tout le monde y gagne ».
Lever les appréhensions
Le bénéfice collectif des génériques est évident : ils coûtent en moyenne 20 à 30 % moins cher que les médicaments princeps. Il y a donc à la clé de sérieuses économies à réaliser pour les caisses, et plus généralement pour la collectivité. Mais le bénéfice individuel est plus difficile à cerner : nombre de patients à pathologie chronique sont encore réticents à l'idée de changer de médicament ; et pour les personnes âgées, un médicament est plus caractérisé par une forme, un emballage ou une couleur que par un nom de molécule. Résultat : si les ventes de génériques ont décollé, on est loin encore des résultats obtenus dans certains pays européens comme l'Allemagne, qui flirte avec les 40 % du total des prescriptions en génériques.
En France, de janvier à septembre 2002, le nombre de boîtes de médicaments génériques vendues sur le marché du médicament remboursable est passé de 7,5 % à 8,8 %, ce qui correspond à une croissance des ventes d'environ 25 % ; dans le même temps, le montant présenté au remboursement, dans ce même marché des médicaments remboursables, passait de 4 à 4,9 %, soit une augmentation d'environ 22 % (voir tableau). Des résultats qui sont loin d'être négligeables, mais qui, aux yeux de Jean-François Mattei, ne suffisent plus.
La campagne de promotion des génériques, montée par le ministère de la Santé et ses partenaires, affiche donc clairement ses objectifs : « Modifier les comportements, lever les appréhensions, valoriser les pratiques responsables, en prenant appui sur les publics avec lesquels on peut parler d'avenir, de façon plus ouverte, sans tabou. »
Et ses moyens sont à la hauteur de ses ambitions : l'investissement global de la campagne, assuré par le ministère et ses partenaires, s'élève à 2,5 millions d'euros, de quoi notamment mener une campagne télévisée d'envergure diffusé du 13 janvier au 10 février sur TF1, France 2, France 3 et France 5, avec un spot unique de 30 secondes pour simplifier le message.
Quant au dispositif publicitaire hors médias, il est lui-même important avec un guide de poche de huit pages, remis aux médecins mais destiné aux patients, intitulé « Tout savoir sur les médicaments génériques » et diffusé à sept millions d'exemplaires. Ce guide, qui est « un concentré de ce qu'il faut savoir sur les génériques », répond aux principales questions que peuvent se poser les patients, et notamment celles-ci : qu'est-ce qu'un médicament générique ? ; qu'est-ce que cela va changer pour ma santé ? ; combien en existe-t-il ? ; à qui sont-ils destinés ? ; en quoi font-ils baisser les dépenses de santé ? Quant aux caisses, elles proposent un certain nombre de relais hors médias comme l'information dans les lettres aux assurés, une chronique sur les génériques diffusée sur le réseau radio « France Bleue », des messages sur les sites Internet, et une communication en direction de la presse quotidienne régionale et départementale.
Un manque d'information
Indépendamment des bénéfices escomptés en termes de dépenses de santé, cette campagne semble correspondre à un désir d'information de la part du grand public. Selon un sondage réalisé par l'institut CSA pour le ministère de la Santé, 65 % des personnes interrogées souhaitent avoir davantage d'informations sur les génériques et, parmi les personnes qui ne consomment que rarement des génériques, 40 % y auraient davantage recours si leur médecin les prescrivait directement, et 30 % si leur pharmacien substituait au princeps son équivalent génériqué.
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