A l'occasion d'une visite de l'hôpital de Troyes, en Champagne, Jean-François Mattei devrait annoncer ce lundi soir une restructuration musclée du parc des maternités.
Manifestement très pressé, le ministre de la Santé n'attendrait pas, avant d'agir, les recommandations de la mission qu'il a diligentée à ce sujet et qui doit lui rendre son rapport à la fin du mois de juin (les Prs Gérard Bréart, Jean-Christophe Rozé et Francis Puech la pilotent). C'est dans le plus grand secret qu'il aurait concocté son plan. Depuis quelques mois, de gros indices laissent présager un toilettage sévère. Deux exemples choisis : en décembre, le ministre proposait sur « Europe 1 » de regrouper les accouchements dans les grandes maternités ; un mois plus tard, dans nos colonnes, il précisait : « Quand vous avez, dans de petites maternités, un manque d'obstétriciens, d'anesthésistes, de pédiatres et que vous avez les mêmes problèmes dans une maternité voisine, il faut les marier, c'est l'évidence. C'est vrai que nous allons procéder à une restructuration des plateaux techniques importants. »
Cinq ans après les « décrets périnatalité » de 1998, qui ont organisé les maternités en trois niveaux de prise en charge et fixé un seuil de 300 accouchements par an, en-deçà duquel les établissements doivent soit fermer, soit se reconvertir en centre périnatal de proximité (dans les faits, une grosse centaine de ces très petites maternités existent toujours), le ministre devrait donc passer à l'acte.
Et, sans doute, changer légèrement de logique. Alors que le seuil de 1 000 accouchements par an a été un temps évoqué, ce n'est peut-être pas ce critère qui sera finalement retenu pour maintenir ou fermer une structure. L'importance des équipes médicales deviendrait déterminante, l'idée étant de dire, par exemple, qu'il n'existe pas de maternité digne de ce nom en dessous de huit ou neuf obstétriciens (ce qui correspondrait au maintien de seulement 300 établissements sur les 700 qui existent aujourd'hui). Pour faire passer cette pilule, Jean-François Mattei peut compter, ce qui n'était pas le cas par le passé, sur le soutien quasi unanime des gynécologues-obstétriciens. Depuis plusieurs mois, en effet, les médecins de la naissance, qui ont compris qu'ils n'auront jamais les moyens dont ils ont besoin pour fonctionner en l'état actuel du parc, se prononcent en faveur d'une restructuration drastique de leurs hôpitaux.
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