« Le « no limit » des jeunes illustre la dichotomie entre l’autocontrôle qu’ils proclament et le laisser aller de l’absence de limites. Les jeunes auraient ce goût de l’excès contrôlé » souligne Thierry Morel (sociologue, institut de Travail Social de la région Auvergne). Pour les adultes, l’alcoolisation massive des jeunes est jugée « inquiétante » voire « alarmante » avec une impression qu’elle survient de plus en plus tôt chez des ados de plus en plus jeunes avec une tendance à l’augmentation de ce phénomène dans la société. Deuxième discours qui relativise le premier, les adultes sont plus modérés en pensant à leur « souvenirs de jeunesse » et en évoquant « les rites de passage de l’adolescence ».
Paradoxes sociétaux
Les ados ont une bonne connaissance de la problématique via les reportages et ils savent pointer les paradoxes de la société de consommation qui propose des Premix en supermarché et qui dans le même temps, réprouve la consommation d’alcool. Ils sont particulièrement conscients du risque de la conduite en état d’ivresse. « Le message de la prévention routière est intériorisé. Ce n’est pas seulement la peur du gendarme mais également le souci de soi et des autres » ajoute Thierry Morel. Ils associent l’alcool à la fête « pour se lâcher ». Ils estiment savoir « gérer » leur soirée en buvant de l’eau régulièrement « pour durer toute la soirée ».
Concernant cette étude, Marie Choquet a expliqué : « pour la première fois, on a tenté de réduire le décalage entre la perception des adultes et des jeunes ». Elle a rappelé que les statistiques de l’étude ESPAD (European School Survey Project on Alcohol and Other Drugs) placent la France dans une position intermédiaire en Europe sachant que le Danemark et le Royaume-Uni sont en tête dans la réponse à la question « avez vous bu au moins une fois au cours d’une dernier mois ». « En France, tous les jeunes n’ont pas une consommation régulière. Nous sommes plutôt raisonnables en grammes d’alcool pur par rapport à la Suède ou la Finlande qui consomment rarement mais de grandes quantités. Il persiste une différence entre les filles et les garçons avec des garçons grands consommateurs en France en Italie et dans les pays de l’Est et la différence n’a pas tendance à diminuer ».
La répétition des alcoolisation est loin d’être la règle. « Il ne faut pas assimiler à toute la jeunesse ce phénomène d’alcoolisation massive » ajoute la spécialiste. « le fait de boire reste social, la situation où l’on boit le plus est entre amis. L’alcool est bien contextualisé ». Le Dr Didier Lauru (psychiatre, psychanalyste, conseiller clinique de Fil Santé Jeunes) a également précisé qu’à la différence des adultes, les jeunes boivent peu seuls. Restent les 4 % des 15-24 ans qui sont dépendants. « Ils boivent en moyenne trois fois plus d’alcool que ceux qui boivent raisonnablement, quelle que soit la situation». Ont ils tendance à changer de substances ? « C’est plutôt non, a indiqué le Dr Lauru. Quand on peut arrêter l’alcool et le tabac, on diminue souvent les autres produits. Le fait de boire de l’alcool et de fumer facilite somatiquement et psychiquement le passage à autre chose ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature