UN CONSORTIUM de recherche américain publie cette semaine dans « Nature » les résultats de la plus vaste étude génétique jamais menée sur les glioblastomes. Les chercheurs du projet Cancer Genome Atlas ont en effet analysé l'ensemble des altérations génétiques présentes dans 206 échantillons de glioblastome indépendants. Les résultats de ce travail apportent des informations inédites sur le rôle des principaux oncogènes et suppresseurs de tumeur dans le développement des tumeurs cérébrales. Ils mettent aussi en avant l'importance des modifications épigénétiques de l'ADN dans la progression tumorale.
La transformation tumorale.
De très nombreuses altérations génétiques peuvent conduire à la transformation tumorale des cellules saines : on pense évidemment aux modifications de la séquence des chromosomes (modifications ponctuelles, réarrangements, insertions ou délétions de taille variable), mais de plus en plus de données suggèrent que les modifications épigénétiques, altérant non pas la séquence, mais le profil de méthylation de l'ADN, participent aussi au développement des cancers.
Le projet Cancer Genome Atlas vise à recenser l'ensemble des lésions de l'ADN associées à chaque type de cancer. L'idée est de parvenir à classifier les tumeurs en fonction des mutations dont elles sont porteuses, cela afin d'affiner les diagnostics et de proposer des traitements ciblés.
Le consortium a décidé de commencer par concentrer ses efforts sur trois types de cancer : les glioblastomes, les cancers pulmonaires et les cancer ovariens.
Le travail conduit sur les glioblastomes est le premier à être publié.
L'analyse de l'impressionnante masse de données obtenues confirment le rôle des altérations génétiques qui induisent une dérégulation des voies RB, p53 ou encore RTK/RAS/PI3K. Mais elle révèle qu'un des biomarqueurs les plus fréquemment associé aux glioblastomes est le statut de méthylation du gène MGMT, un gène codant pour un enzyme impliqué dans la réparation de certaines lésions de l'ADN.
Indépendamment du travail conduit pour le projet Cancer Genome Atlas, un autre consortium de scientifiques est parti à la recherche des altérations génétiques associée aux glioblastomes. Parsons et coll. (publication aujourd'hui dans « Science ») ont séquencé plus de 20 600 gènes dans 22 échantillons de tumeurs humaines. Cette approche les a conduits à l'identification d'une famille de mutations associées à 12 % des tumeurs étudiées. Ces mutations affectent le site actif de l'isocitrate déshydrogénase 1, une enzyme clé du cycle de Krebs.
Les deux consortiums espèrent que leurs travaux permettront la mise au point de nouvelles stratégies thérapeutiques plus efficaces car plus ciblées.
The Cancer Genome Atlas Research Network, « Nature », édition en ligne avancée.
Parsons et coll. « Sciencexpress », édition en ligne avancée de « Science » du 4 septembre 2008.
Les cancers pancréatiques aussi
L'équipe, à l'origine de l'analyse génétique des 22 glioblastomes, publie dans le même numéro de « Science » une seconde étude portant sur les cancers du pancréas. Jones et coll. ont séquencé le génome de 24 tumeurs humaines. Ils ont découvert que chacune de ces tumeurs portaient en moyenne 63 altérations génétiques, en majorité des mutations ponctuelles. Les altérations mises en évidence affectent 12 voies de signalisation cellulaire. Chacune de ces voies dysfonctionne dans au moins 67 % des tumeurs.
Jones et coll. « Sciencexpress », édition en ligne avancée de « Science » du 4 septembre 2008.
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