ALORS QUE le futur dossier médical personnel (DMP) prévu par la loi de 2004 sème de plus en plus le doute, le Groupement d’intérêt public (GIP-DMP) chargé de le déployer s’efforce de se donner un second souffle.
Comme prévu, Jacques Sauret a repris officiellement la direction du GIP, après le limogeage de Jacques Beer-Gabel dont il a assuré l’intérim.
Réuni vendredi dernier, le conseil d’administration du GIP-DMP a aussi désigné Marie-Laure Micoud, issue de la Caisse des dépôts et consignations, au poste de directrice adjointe. Les administrateurs du GIP-DMP ont par ailleurs «proposé d’allonger la durée de vie du groupement de cinq ans», soit jusqu’en 2011, «pour permettre le lancement des opérations de généralisation (du DMP) dans des conditions de sécurité juridique complète». Le GIP va se doter d’une «nouvelle organisation» impliquant «le renforcement de ses équipes».
Enfin et surtout, «éclairé et conforté par l’avis de son comité d’orientation» (1) réuni le 3 mai, le GIP-DMP a validé son changement de stratégie, tout en promettant de «renforcer son dispositif d’information et de pédagogie auprès de l’ensemble des acteurs».
Le revirement de stratégie du GIP-DMP, avant même la réunion de son comité d’orientation, avait irrité ces dernières semaines les acteurs de terrain et plusieurs consortiums industriels engagés dans les expérimentations (« le Quotidien » des 10 et 19 avril et du 4 mai). «Ils étaient inquiets à juste titre car il n’y avait pas eu de concertation, reconnaît aujourd’hui Jacques Sauret, interrogé par “le Quotidien” . Il y a eu un vrai déficit de communication en passe d’être résorbé. A l’avenir, on essaiera de ne pas retomber dans cette ornière.» Le nouveau directeur du GIP-DMP assure que «le climat est en train de s’apaiser» et qu’il existe désormais «un consensus autour d’orientations stabilisées et visibles».
Service à l’assuré.
Celles-ci consistent à privilégier l’ouverture dès le printemps 2007 d’ «un service universel du DMP pour chaque citoyen qui en fera la demande», afin de respecter le calendrier politique fixé par la loi de 2004 et confirmé envers et contre tout par le ministre de la Santé. A partir d’un portail Web unique, un hébergeur de référence choisi après appel d’offres proposera un service de base, tandis que d’autres hébergeurs concurrentiels agréés auront la possibilité de proposer d’autres services à valeur ajoutée. Pour éviter qu’ils soient des coquilles vides, les premiers DMP «sous le contrôle du patient» devraient puiser des informations médicalement pertinentes dans le « Web médecin » de l’assurance-maladie (ou historique des remboursements) et le dossier pharmaceutique, par exemple. Ils pourront être alimentés aussi de façon automatique par les systèmes d’information des praticiens et des structures de soins.
Slogan.
Jacques Sauret affirme qu’il «ne comprend pas trop» les critiques formulées ici ou là sur le choix d’un «sous-DMP». «On part de ce qui sera expérimenté», et donc des orientations de départ, fait valoir le directeur du GIP. Il claironne le nouveau « slogan» du groupement : «Un DMP utile et utilisé pour répondre aux besoins des patients et des professionnels.»
Les expérimentations actuellement retardées dans l’attente d’agréments (qui concernent 6 consortiums et 17 sites pilotes) pourraient démarrer juste après la réunion de la commission nationale Informatique et Libertés (Cnil) du 23 mai et «se prolonger jusqu’à l’automne et si possible jusqu’à la fin de l’année», indique Jacques Sauret.
Quant au flou qui entoure encore les 26 millions d’euros d’aides collectives annoncées au profit des acteurs de terrain (réseaux soutenus par les instances régionales comme les ARH, les Urcam, les missions régionales de santé...), il est «une qualité à ce stade», se défend Jacques Sauret. «Les règles du jeu de l’appel à projets ne seront définies qu’en mai-juin», explique-t-il, pour aboutir à une attribution des financements «en octobre-novembre» 2006.
(1) Le Comité d’orientation du GIP est composé de 70 personnes représentantes des professionnels de santé, des associations de patients, ainsi que des acteurs institutionnels. La représentation des associations d’usagers et de patients, limitée à « 2 ou 3 personnes » aujourd’hui, devrait s’élargir.
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