De notre correspondante
à New York
EN 1976, 34 participants au congrès de l'American Legion, à Philadelphie, décédaient d'une pneumonie sévère. Les investigateurs des Centers for Disease Control identifiaient alors une nouvelle bactérie qui fut nommée Legionella pneumophila.
On sait, depuis, que les milieux aquatiques, naturels et artificiels, constituent le réservoir de la famille des Legionella dont, parmi les 43 espèces connues, seulement quelques-unes sont pathogènes.
Aérosols d'eau contaminée.
L'espèce Legionella pneumophila est responsable de 90 % des cas épidémiques et sporadiques de légionelloses, dont les deux formes cliniques sont la maladie du légionnaire (pneumonie) et la fièvre de Pontiac (syndrome pseudogrippal). L'infection est acquise par inhalation d'aérosols d'eau contaminée, diffusés à partir d'installations à risque comme les réseaux d'eau chaude, les circuits des tours aéroréfrigérantes et les bains à bulles.
La séquence génomique complète de L. pneumophila est maintenant publiée par une équipe de 37 signataires, parmi lesquels Chien, Shi, Sheng, Ju, Kalachikov, Shuman, et Russo de la Columbia University à New York, et Shawn Gomez, basé à l'Institut Pasteur de Paris. Les chercheurs ont séquencé le génome de la souche Philadelphia 1 dérivée de l'isolat original de 1976.
Les chercheurs ont relevé dans ce chromosome circulaire (contenant près de 3,4 millions de paires de bases) un certain nombre de gènes intéressants. Notamment, « la présence de multiples copies de gènes codant apparemment pour des transporteurs de médicaments et de métaux lourds qui pourraient expliquer l'aptitude des légionelles à survivre dans les réseaux de distribution d'eau et les tuyauteries, même après un traitement, ainsi que dans divers types d'hôtes (protozoaires et cellules humaines) », confie au « Quotidien » le Dr James Russo (Columbia Genome Center, Columbia University, New York) qui a supervisé cet effort.
« La présence de nombreux gènes codant des protéases et autres hydrolases (environ 145) et l'identification de nouveaux facteurs potentiels de virulence offrent des pistes d'études pour comprendre le mode d'infection de Legionella », poursuit-il.
« Nous avons comparé les gènes de Legionella et ceux d'un autre organisme pathogène intracellulaire étroitement apparente, Coxiella burnetii , l'agent de la fièvre Q et une potentielle arme de bioterrorisme. Nous avons identifié quelques gènes uniquement présents chez ces deux organismes, dont les gènes du système de sécrétion type IVB (gènes icm/dot) et les« gènes d'entrée accrue »enhA et enhB. Ces deux organismes partagent un grand pourcentage de leurs gènes (environ 42 %), probablement du fait de leur étroite relation au cours de l'évolution, mais peut-être également à cause de caractéristiques communes de leur style de vie. »
L'analyse poursuivie du génome pourra guider le développement de nouveaux traitements et de meilleurs tests diagnostiques, note enfin le Dr Russo.
La recherche des facteurs de survie dans les macrophages pulmonaires.
« Il est essentiel de connaître les facteurs qui permettent à la bactérie Legionella de survivre dans les macrophages pulmonaires et d'entraîner leur destruction chez les individus susceptibles. La connaissance de l'ensemble des gènes d'une souche pathogène de Legionella pourrait indiquer quelles sont les cibles moléculaires d'interaction au sein de ces cellules hôtes ; cela guiderait le développement de médicaments spécifiques visant à prévenir ou moduler ces interactions. Par ailleurs, des composants de surface constants de la bactérie pourraient être ciblés par des médicaments ou des vaccins. Enfin, il n'est pas toujours facile de distinguer la maladie du légionnaire des pneumonies causées par d'autres germes. Maintenant que nous avons la séquence du génome, cela pourra peut-être aider à développer de meilleurs tests diagnostiques, surtout lorsqu'elle sera accompagnée des séquences d'autres espèces de Legionella. »
« Science », 24 septembre 2004, p. 1966.
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