L'IMMENSITÉ de la Shoah entraîne la multiplicité de ses objets d'études et des manières de les aborder. Voici un livre au contenu terrifiant, se rattachant à ce qu'on a nommé « la Shoah par balles », et qui met en cause la manière dont le génocide juif fut capté et détourné par la politique soviétique. L'ouverture récente d'archives a rendu ce travail possible.
L'emblème sanglant de l'ouvrage, c'est Baby Yar, immense ravin aux environs de Kiev, en Ukraine. Entre le 29 et le 30 septembre 1941, y furent jetés les corps de 33 771 juifs. L'horreur même de l'exécution est longuement développée dans le livre. Une sépulture énorme fut érigée sur les lieux en juillet 1976 sans aucune mention du caractère juif des victimes. Une plaque rappelle que «les envahisseurs fascistes allemands ont assassiné plus de cent mille citoyens de Kiev et prisonniers de guerre».
Il s'agit moins de «zones d'ombre» de la politique soviétique que d'un gommage systématique de la spécificité juive. Ce livre douloureux et essentiel en fournit les clés.
Antonella Salomoni (professeure d'histoire contemporaine à la faculté de sciences politiques de l'université de Calabre), « l'Union soviétique et la Shoah », Ed. La Découverte, 277 p., 25 euros.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature