Le quarantième anniversaire du Centre national d'études spatiales (CNES) devrait être, pour chaque Français, l'occasion de célébrer notre présence active dans la compétition technologique. Rarement programme à la pointe du progès n'aura fonctionné avec des résultats aussi réconfortants.
Quand Russes et Américains se sont lancés dans la course de l'espace, la France a compris qu'elle ne faisait pas le poids, mais qu'elle pouvait trouver sa propre niche commerciale. Nous avons lancé dans l'espace des dizaines de fusées qui ont placé sur orbite les satellites de communication des grandes puissances, à commencer par l'Amérique. Voilà un succès dont nous devrions être fiers, mais nous sommes trop occupés à marquer verbalement notre spécifité intellectuelle, culturelle ou historique pour nous rendre compte que le meilleur moyen d'en démontrer l'existence, c'est encore de faire ce que les autres ne savent pas ou n'ont pas pensé à faire.
Si nous revenons sur ce sujet, c'est aussi parce que Jean-Marie Messier, P-DG de Vivendi, très soucieux de faire de son groupe un ensemble international à dominante américaine, a cru bon de déclarer mardi dernier que « l'exception française est morte ». La brutalité du propos a soulevé l'indignation que l'on devine dans les milieux spécialisés dans le nationalisme de salon. M. Messier, qui a le sens de la formule, voulait sans doute dire que, au lieu de se distinguer par des films d'une qualité rare mais subventionnés, la France, grâce à la dynamique créée par Vivendi, allait aborder les productions onéreuses à grand spectacle.
S'il n'avait pas voulu impressionner le public avec un slogan ravageur, M. Messier se serait d'abord demandé si l'exception française a jamais existé, et sous quelle forme.
On pourrait en effet lui répondre qu'elle se situe moins au niveau des efforts de l'Etat pour protéger un art national assiégé que dans l'esprit de nos créateurs. M. Messier a exécuté d'un mot le langage qui nous appartient et que nous avons toutes les raisons de vénérer, par l'anglais approximatif dont il se sert pour la communication entre ses entreprises. Il lui suffirait de lire encore quelques articles ou quelques livres pour qu'il s'aperçoive que, en dépit d'une certaine dégradation très regrettable, il existe encore quelques talents de plume qui méritent qu'on les défende.
L'exception n'est donc pas dans la nationalité, mais dans la qualité. Il y aurait même une exception américaine que nous n'en serions pas étonnés. Il y a des films superbes réalisés avec un petit budget que nous sommes fondés à admirer. Il y a aussi de coûteux navets qu'on trouve sur les deux rivages de l'Atlantique. Et ce que nous souhaitons à M. Messier, c'est de produire de bons films, en français ou en anglais.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature