De notre correspondant
Définir les facteurs de résistance à la mammographie, pour mieux y répondre lorsque la campagne systématique de dépistage débutera dans la région Rhône-Alpes, probablement avant l'été 2002 : tel était le but d'une étude réalisée par l'observatoire régional de la santé*.
Elle analyse les données générales recueillies auprès de 1 180 consultantes, de 50 à 74 ans, de deux centres d'examen de santé de Lyon et de Chambéry et des données approfondies réunies auprès de 352 d'entre elles : quatre groupes ont été comparés, selon leur suivi ou non par mammographie et en fonction de leur situation de précarité ou non.
Pourquoi ces deux villes ? Parce que Lyon appartient à un département pilote, le Rhône, où est appliqué depuis douze ans un programme de dépistage systématique et gratuit du cancer du sein. Et parce qu'en Savoie seul le dépistage individuel existe.
Le profil des non-suivies
L'étude de l'ORS constate d'abord que les patientes sont plus nombreuses à être suivies par mammographie que la population générale dans les deux centres : 86 % à Lyon, 76 % à Chambéry. La précarité (11 % des patientes lyonnaises, 16 % à Chambéry), concerne les femmes au chômage, au RMI, ou en CES, ou qui vivent avec une personne dans ces dispositifs. Il s'agit d'un facteur déterminant pour le dépistage : alors que toutes les femmes qui entrent dans un de ces dispositifs sont systématiquement invitées à subir une mammographie, seulement une minorité accepte de s'y rendre. Le profil des femmes non suivies (pas de mammographie depuis 36 mois) diffère sensiblement de celui des patientes suivies : il s'agit de femmes plus âgées, d'un niveau d'études moins élevé, qui vivent moins souvent en couple et plus souvent en zone rurale en Savoie. Elle ont aussi « plus de difficultés à monter un étage, tout en se percevant en bonne santé ».
D'autres items montrent l'intérêt du dispositif de dépistage systématique, en vigueur notamment dans le Rhône : plus de la moitié des « motifs décisifs » de participation indiqués par les Lyonnaises sont directement liés au programme de prévention lui-même. Le fait de recevoir une lettre d'invitation personnelle à la mammographie, mais aussi la gratuité de la proposition, la facilité du geste, ou encore « le fait que c'était une première occasion de faire la mammographie » ont été des facteurs déterminants pour la prise de rendez-vous chez le radiologue. A Chambéry, seulement deux facteurs déclenchants ont été - et encore rarement - évoqués par les femmes du centre d'examen : le conseil d'un médecin ou l'existence d'un cas de cancer dans l'entourage.
Des recommandations
« Relais important du dépistage, le rôle du généraliste doit être renforcé dans les programmes », recommande l'étude en conclusion. Elle souhaite « plus de douceur dans la manipulation » par les radiologues lors de la mammographie et invite les gynécologues à mieux « veiller à l'incitation à la répétition du dépistage ». L'étude, en effet, constate que les femmes n'ont pas pris conscience de la nécessité de répéter régulièrement l'examen de dépistage. La communication en direction des femmes, justement, fait l'objet de recommandations très précises, mais différentes, selon qu'il s'agit de cibler les femmes suivies ou celles qui échappent à tout dépistage systématique.
Aux premières, il faut livrer des messages clairs en quelques notions clés, suggère l'observatoire de la santé : le dépistage rassure, il faut le répéter, il est facile et gratuit, voici comment il est organisé et comment vous aurez les résultats.
Pour les secondes, qui pour la plupart sont dans « le déni du risque », inutile de jouer sur les ressorts classiques du look, de la beauté ou de la jeunesse : l'étude conseille une campagne d'information dénuée de pathos, qui insiste sur l'intérêt du dépistage précoce et rappelle que le traitement ne passe pas obligatoirement par l'amputation du sein.
* L'étude complète est disponible à l'ORS Rhône-Alpes, 9, quai Jean-Moulin, 69001 Lyon, tél. 04.72.07.46.20.
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