DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE
QUATRE-VINGT-SEPT pour cent des médecins généralistes pensent être à l'origine de la découverte de la tumeur cancéreuse de leur patient, selon une étude de l'Urml (union régionale des médecins libéraux) de Bretagne. Pourtant, le généraliste est souvent mis à l'écart de la prise en charge des patients cancéreux. Il est peu informé des examens et des opérations pratiqués et presque jamais associé aux décisions thérapeutiques concernant un malade qu'il connaît en moyenne depuis dix ans au moins, selon la même étude. En Basse-Normandie, le réseau régional de cancérologie Ancelot, dont la convention vient d'être signée à Caen*, devra mieux intégrer les omnipraticiens.
« Selon une enquête que nous avons réalisée, 92 % des médecins généralistes de notre région souhaitent participer au suivi des patients cancéreux et sont prêts à participer aux réunions de coordination », confirme le Dr Alain Le Maguet, président de l'Urml de Basse-Normandie. Il répond aux nouvelles directives publiées en septembre 2004 par la Direction de l'hospitalisation et de l'offre de soins (Dhos) au sujet du Plan cancer, en particulier la mesure 29, qui demande que dans chaque région française, un réseau régional du cancer coordonne systématiquement l'ensemble des acteurs de soins tant à l'hôpital qu'en ville.
Le dispositif a été construit à partir d'outils qui existaient déjà en Basse-Normandie, dont un outil informatique de communication, OncoCOM, qui permet de mettre à la disposition des praticiens hospitaliers et libéraux, qui traitent le patient, le dossier médical (puis infirmier), la biologie et bientôt l'imagerie médicale. Quatre-vingts généralistes sont déjà reliés aux trois établissements connectés (centre Tubiana, clinique Bocage et centre François-Baclesse à Caen). Le réseau Ancelot est donc surtout l' « institutionnalisation d'une coopération qui existe depuis plusieurs années entre ville et hôpital en Basse-Normandie », insiste le Dr Françoise Lefort, coordinatrice du projet. L'objectif est d'intégrer 300 médecins généralistes d'ici à la fin de l'année.
Outre le partage du dossier du patient, les généralistes participent à des réunions pluridisciplinaires grâce à une première convention signée en 2000 à la suite de la demande du Sros (schéma régional d'organisation sanitaire) de créer un réseau en cancérologie. Avec la nouvelle convention, « les réunions de concertation pluridisciplinaire auront lieu tous les 15 jours, et plus souvent en cas de situation urgente. Elles consisteront en une discussion et un suivi, au cas par cas, des dossiers et des solutions thérapeutiques envisagées par rapports aux référentiels validés et actualisés », précise le Pr Jean-François Héron, directeur du centre François-Baclesse.
Trois CS de l'heure.
Ce qui change, c'est la prise en charge financière par le réseau du temps de travail des généralistes impliqués, sous la forme d'une rémunération de 3 CS de l'heure. De la même façon, par dérogation tarifaire, on pourra également financer la participation d'autres professionnels au réseau, en premier lieu les psychologues, dont le rôle auprès du patient est souvent très important.
Le premier but est de favoriser l'égalité des chances des malades, dont le consentement est nécessaire pour qu'il soit intégré dans le réseau : « Les patients auront ainsi de meilleures chances d'avoir le traitement le mieux adapté à leur situation, grâce à un discours cohérent entre les différents intervenants », se réjouit Huguette Vigneron-Meleder, directrice de l'ARH (agence régionale de l'hospitalisation) Basse-Normandie. L'agence est cofinanceur du projet avec l'Urcam (union régionale des caisses d'assurance-maladie) à hauteur de 1 million d'euros pendant trois ans.
* La convention constitutive du réseau Ancelot a été signée par Jean-Pierre Abdelli, président de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) de Basse-Normandie, le Pr Jean-François Héron, directeur du centre François-Baclesse, représentant la Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer (Fnclc), Jean Kuchenbuch, délégué régional de la Fédération nationale des établissements hospitaliers et d'assistance privés (Fehap), le Dr Alain Le Maguet, président de l'union régionale des médecins libéraux (Urml) de Basse-Normandie, et Pierre Rayroles, directeur général du CHU de Caen, délégué régional de l'Union hospitalière du Nord-Ouest (FHF).
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